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26 juin 2008

Ecce homo

Ecrit dans : Chronique Tribune

Ce n’est plus l’homme qui se met en réserve de la République mais pratiquement la République qui se met en réserve pour lui. C’est dire la dimension prise par le personnage qu’est Ahmed Ouyahia qu’il est certainement facile de qualifier, du fait qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, de pompier de service ou de pyromane en certaines circonstances. Le nouveau chef du gouvernement n’en reste pas moins l’un des rares commis de l’Etat sur qui peuvent effectivement reposer tous les espoirs.

Si la compétence ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, cette vérité vraie se confirme chez un homme qui a imprimé un ton nouveau à l’exercice de la politique depuis qu’il a été promu, d’abord, à la tête du Rassemblement national démocratique, et chef de gouvernement à deux reprises ensuite.

Homme de
dossiers par excellence et pourquoi pas enfant du système, il ne s’en dédie pas d’ailleurs et assume cette étiquette non pas comme un honteux stigmate mais plutôt comme une marque de fabrique des meilleurs hommes que l’Algérie ait eu à porter en son sein, il présente la caractéristique si ce n’est évidente au moins possible d’une clé à même d’apporter des solutions à une crise, voire des crises ponctuelles, d’autant plus qu’il est à la tête d’une formation dont la stabilité le dispute à une vision politique cohérente.

En acceptant de prendre en charge la direction d’un gouvernement à quelques mois de l’échéance d’un mandat ô combien important du président de la République, Ouyahia n’a pas eu à peser le pour et le contre d’un tel challenge, ce qui, quelque part, confirme sa propre conviction, d’une part, et plus particulièrement sa capacité à relever le défi, d’autre part. Preuve en est les missions de grande importance qui lui ont été confiées, alors qu’il ne faisait même pas partie du premier cercle du pouvoir, par A. Bouteflika.

Dans la majorité des cas, les observateurs politiques à l’échelle nationale prennent le plus rapide raccourci en ne confinant cette désignation à la tête du gouvernement qu’à la seule intention du chef de l’Etat de rempiler pour un troisième mandat et que le meilleur moyen d’y parvenir serait d’éjecter un architecte, en l’occurrence A. Belkhadem, qui donnait l’impression de trop lanterner sur un sujet d’inquiétude présidentiel amplifié par le retard enregistré sur les voies et moyens d’y parvenir. Autrement dit, la révision de la première loi.

Ce qui ne semble pas être le cas ou du moins tant que le Président ne se serait pas prononcé sur un sujet qui tient en haleine des observateurs anticipant pratiquement d’une manière arbitraire sur «un désir du prince» qui n’en est pas. En tout état de cause, l’ampleur de la tâche qui attend le nouveau chef du gouvernement est difficilement évaluable, le facteur temps imparti ne laissant pas une marge de manœuvre favorable compte tenu du nombre de chantiers ouverts, de réformes tous azimuts engagées, d’options politiques à concrétiser sur le terrain sous le regard inquisiteur de l’opinion internationale et auxquels comparés les travaux d’un demi-dieu de la mythologie grecque ressembleraient à une partie de plaisir.

C’est paradoxalement un autre plaisir que n’a pas voulu s’épargner, ne serait-ce que par élégance, son prédécesseur qui s’abstient volontairement, au motif d’un voyage religieux (omra), d’assister au congrès du RND, sans doute histoire de fausser la satisfaction légitime tirée par son successeur, ses cadres et
l’ensemble de la base.

A. Lemili


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