Le discours et la réalité

Si le retour de Ahmed Ouyahia aux affaires suscite plus de questions qu’il n’apporte a priori de réponses aux observateurs les plus avertis de la scène politique algérienne, son discours inaugural du congrès de son parti le RND hier a, par contre, trahi des pensées qui laissent préfigurer, à l’actuel chef du gouvernement, un avenir aux commandes de l’Etat pour de longs mois encore.

Son speech sur la situation actuelle du pays et les défis qui l’attendent semble donner le la à une longue symphonie dont il serait le chef d’orchestre. Hormis les questions strictement politiques dont celle qui cristallise au mieux un intérêt passionné à la prochaine élection présidentielle — non sans d’ailleurs évoquer inlassablement la très mystérieuse et non moins hypothétique révision constitutionnelle —, Ahmed Ouyahia a fait un constat peu élogieux de la situation économique du pays.

L’homme, connu pour être peu enclin à verser dans l’autocritique, étonne lorsqu’il décoche des flèches sans désigner la cible pour décrire le marasme économique. Populisme et discours teinté d’un vernis de psychologie de masse ? Quoi qu’il en soit, le patron du RND a dépeint un tableau presque noir de l’état de notre économie et affirme que « nous devons rompre avec le mythe de l’aisance financière ». Voilà une conclusion dont tout Algérien serait prêt à lui contester la paternité.

Car s’il convient d’admettre que Ahmed Ouyahia n’a pas le monopole du constat sur ce qu’est la situation actuelle de notre économie — dont il doit par contre revendiquer en partie la responsabilité pour l’avoir assumée plus d’une fois à la tête du gouvernement — il est en revanche appelé à nous montrer ce qu’il peut faire de nouveau qu’il n’ait pu auparavant.

Et partant, quelle est pour lui la marge de manœuvre dont il dispose pour passer victorieusement l’étape du constat à celle des réalisations. D’autant que l’échéance de la prochaine présidentielle se rapproche, avec tout ce que cela suppose d’actions de campagne et de préparations des partis politiques comme des services de l’Etat.

Le passé, pas très lointain, nous a enseigné que l’organisation d’une élection mobilise davantage d’énergie pour les scrutins que pour le règlement des problèmes laissés en suspens. La diversification économique, les réformes économiques, la bureaucratie, le foncier, le privé national, la démocratisation du crédit, la lutte contre la pauvreté et les discriminations, la répartition équilibrée des richesses et tant d’autres thèmes requièrent un temps beaucoup plus large que les quelques petits mois qui restent au gouvernement d’Ouyahia pour les prendre en charge avant l’échéance fatidique de l’élection présidentielle début 2009. A moins qu’il ne tienne pas compte de cette frontière électorale…

Ali Benyahia

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