Israël pousse à l’apocalypse

Les déclarations irresponsables des dirigeants israéliens à propos du nucléaire iranien menacent de mettre le feu aux poudres et de transformer le Moyen-Orient en brasier. C’est en fait l’inquiétude qu’a exprimée, hier, le directeur de l’Aiea, Mohamed ElBaradei dans une interview à la télévision satellitaire Al Arabya.

Cette préoccupation rejoint celles de tous ceux qu’alarment les menées d’Israël. Après les destructions en 1981 de la centrale nucléaire irakienne de Tamuz et en septembre 2007, les supposées installations nucléaires d’Al-Kibar dans le nord de la Syrie, Israël semble maintenant déterminé à détruire la centrale iranienne de Natanz. Pas 2 sans trois?

Le 6 juin, le vice-Premier ministre israélien, Shaul Mofaz, a affirmé: «Si l’Iran poursuit son programme d’armement nucléaire, nous l’attaquerons.» Il est évident qu’il faut prendre au sérieux ce genre de déclarations, d’autant plus que selon le New York Times de vendredi, l’armée israélienne a organisé, au début du mois, au large de la Grèce, des manoeuvres militaires auxquelles ont participé plus de 100 F15 et F16 ayant une autonomie de vol de plus de 1500km - correspondant à la distance entre Israël et la centrale nucléaire iranienne de Natanz.

Cette information a été confirmée hier par l’agence grecque Ana (semi-officielle) selon laquelle les manoeuvres comprenaient «des missions de combat aérien, des attaques de cibles terrestres, de ravitaillement aérien et des opérations de recherche et de sauvetage».

L’état-major de l’armée de l’air grecque a, pour sa part, déclaré, vendredi à l’AFP, avoir récemment participé à «des manoeuvres d’entraînement communes avec (Israël)» sans autres précisions. Lors du prêche du vendredi, un important dignitaire iranien, Ahmed Khatami, a affirmé: «Si les ennemis, les Israéliens en particulier et leurs partisans aux Etats-Unis, cherchent à recourir à la force, qu’ils soient certains qu’ils recevront un coup terrible à la figure.»

Les Etats-Unis, tout en affirmant privilégier la diplomatie, n’en indiquent pas moins que «toutes les options, y compris militaires, sont sur la table». Ainsi, tous les ingrédients pour une apocalypse nucléaire semblent aujourd’hui réunis.

C’est sans doute le sens à donner à l’inquiétude exprimée par le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Le problème est que l’Occident qui focalise, sur les «ambitions nucléaires» iraniennes, sur «la crise nord-coréenne» et/ou sur «la poudrière pakistanaise», ignore totalement la menace nucléaire israélienne et observe un curieux motus sur le danger véritable que constituent pour l’humanité les armes nucléaires, biologiques et chimiques israéliennes, sur lesquelles Israël garde le flou, mais dont l’existence est admise aujourd’hui par les milieux spécialisés.

Tous les spécialistes, scientifiques et militaires, affirment qu’il n’y a actuellement aucun moyen de protéger le monde contre une attaque de nature nucléaire, radiologique, biologique ou chimique (Nrbc) dont, à l’évidence, l’Etat hébreu maîtrise tous les aspects, et dont il continue l’expérimentation dans le secret le plus absolu.

La «communauté internationale» surveille et contrôle l’Iran, le monde arabe et musulman pour les empêcher d’accéder au savoir nucléaire, mais regarde ailleurs dès qu’il s’agit d’Israël. Alors qui, jamais, contrôlera l’arsenal nucléaire de l’Etat hébreu quand même le directeur de l’Aiea, en visite à Tel-Aviv, a été incapable de poser le problème aux autorités israéliennes?

Or, Israël qui a montré son «expertise» et sa détermination à Tamuz et à Al-Kibar, veut récidiver à Natanz au risque d’une riposte de l’Iran qui enflammerait la planète. Israël pousse à l’apocalypse. Le monde observe un silence coupable et ne dit mot.

Karim MOHSEN