Médiations

Dans les entretiens, on a souvent tendance à vouloir lire entre les lignes et à tenter de dénicher des allusions et des messages codés, mais avec celui accordé à nos confrères de «la Tribune» par le président de l’APN, on peut s’abstenir de cette investigation sémantique, de par le rang de l’intervenant, celui de troisième de l’Etat, qui confère à ses propos une teneur de la plus haute officialité, tout en le dispensant de tout détour ou louvoiement expressif.

Chacun peut prendre ce qu’il veut de cet entretien, l’un par la découverte d’un homme politique d’une hauteur de vue et d’une pertinence analytique souvent occultées par les stéréotypes et l’inusable étiquette d’«homme du système», l’autre en glanant un proverbe africain sur l’antilope qui finit en peau de tambour, ou enfin par le thème le plus actuel, la révision de la Constitution.

Il y a lieu de retenir cette sorte de préambule qui balise le reste des réponses par une analyse politique réhabilitant le rôle central de la médiation au sein d’un Etat. C’est autour de cette notion, de sa mise en pratique ou de son évitement que s’articulent les raisons de deux phénomènes cycliques, l’abstentionnisme d’une part et de l’autre, le phénomène des émeutes, c’est-à-dire l’expression revendicative en enfourchant la monture expressive de la violence.

L’intérêt dans les positions de Ziari, c’est que non seulement il définit avec précision le concept de médiateur («celui qui crée le lien entre celui qui exécute une politique et celui qui en reçoit les effets») mais aussi il donne un exemple concret, qui ne s’arrête donc pas au seul énoncé du principe de médiation, à savoir le passage préalable du wali, avant le conseil de gouvernement, face aux élus nationaux et locaux de sa wilaya, pour qu’ils aient à se prononcer sur son programme.

Exemple bien ordonné commençant par celui qu’on connaît le mieux, ce cas a été avancé parce que c’est Ziari qui en avait été l’initiateur. Ces espaces de médiation vont de la permanence du député auprès des citoyens électeurs à la répercussion des lois votées à l’assemblée nationale vers l’échelon local et autres lieux réels ou symboliques d’association du plus grand nombre à la chose politique, mais ils convergent tous vers la conscience de l’élu de sa place en tant que maillon de base dans les rouages de la démocratie et du fonctionnement républicain.

A lire les déclarations et la perception du rôle de l’élu dans l’édifice étatique, l’on se dit tout simplement que si cette vision transcendait l’étape de l’énoncé de principe pour passer au stade du palpable et de l’inscription de cette culture politique dans les mœurs, l’Algérie est sortie de l’auberge.

Il était grand temps qu’une personnalité de ce rang, présente une analyse politique et non pas politicienne des deux phénomènes de l’absentéisme électoral et des violences revendicatives et ce, sans auto-complaisance ni esprit polémique. L’analyse politique claire, s’articulant autour de la sphère de la médiation est établie, le traitement idoine en découle de façon limpide. Comme au cinéma, on a le bon scénario, il reste la réalisation.

Nadjib Stambouli

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