La délinquance ne serait pas l’affaire de tous

Ces temps-ci, pratiquement périodiquement, les services de police et de gendarmerie fournissent des statistiques sur les actes de délinquance et de criminalité enregistrés chaque semaine. Il a même été avancé que le taux d’élucidation des crimes est au-dessus de la moyenne, ceci pour signaler l’efficacité des actions sécuritaires et de la Police judiciaire.

Nombre des facteurs explicatifs de la délinquance sont énumérés et, parmi eux, il y a l’abaissement drastique du contrôle parental et cela dans le plupart des cas, chute des barrières sociales, fin de la pression du groupe sur l’individu, pas de croyance en des valeurs, taux inquiétant d’inoccupation pour faute d’emploi.

Du côté des populations, il y a un fort sentiment de victimisation, que cela soit justifié ou non, exagéré ou non, une forte demande de sécurité, d’autant que la crainte existe que soient conjuguées toutes les insécurités. Il était annoncé et prévu que la criminalité organisée succéderait au terrorisme, alors qu’en réalité, celle-ci avait vécu et prospéré à son ombre.

Il y a l’impression qu’un tel phénomène générateur d’insécurité est considéré comme relevant strictement des services de sécurité et de la justice, alors qu’en amont, il y a bien des acteurs qui devraient intervenir dans le champ social, le champ économique, le champ éducatif, le champ sociétal car, même les populations et, surtout elles, sont concernées au premier degré en tant que parents ou membres de la famille ou voisins et premières victimes.

Quant aux moyens de sécurité, trop longtemps orientés et à juste titre vers la lutte contre le terrorisme, se retrouvent en situation d’obligation à s’adapter face à des scénarios pour lesquels ils n’étaient pas conçus.

Le DG de la Sûreté nationale avait, tout le temps, répété qu’il fallait et qu’il allait investir dans la police de proximité. Il est bien évident que le concept de police de proximité était au début compris comme devant résulter de la collaboration entre les milieux éducatifs, des représentants des quartiers et des services de police, mais il fut compris par la suite qu’il s’agissait d’une présence policière de proximité, bien visible et disponible.

Le constat est qu’il est enregistré un déficit en la matière, c’est-à-dire, en collaboration entre la police et des acteurs à identifier.

D’abord, les élus locaux n’apparaissent pas disposer d’attributions dans le camp de la sécurité locale, même pour ce qui concerne la délinquance et les incivilités qui constituent les éléments amorçant la délinquance.

Il n’y a pas de structure de prévention de la délinquance au niveau des wilayas, encore moins au niveau des communes. Il n’y a mas non plus d’espace de réflexion collective sur ce thème, en particulier dans les wilayas pour une étude de proximité et d’identification des acteurs au partenariat de sécurité.

Certes, les caméras vidéo sont, peut-être, une nécessité, puisque leur installation est mondiale, mais cela ne suffit pas si la prévention et la prise en charge de ce phénomène deviennent une affaire strictement policière. Mais, tant que les partis politiques se désintéressent de la demande de sécurité, que la sécurité ne devient pas un phénomène d’investissement politique, il y a le risque que cela n’entraîne pas une mobilisation générale.

Bachir Benhassen

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