L’esprit de Tanger

Ou l’histoire revisitée! C’est le cas de le dire quand les Maghrébins, en dépit de tout ce qui a pu les séparer ces dernières années, feront le pèlerinage de Tanger qui a vu la pose de la première pierre de l’unité du Maghreb. Une unité, certes, toujours en devenir. Du 27 au 30 avril 1958, alors que la guerre de Libération en Algérie connaissait un tournant, les trois partis historiques du Maghreb, l’Istiqlal marocain - conduit par Ahmed Belafrej - le Néo-Destour - tunisien dirigé par Bahi Ladgham - et le FLN algérien - sous la conduite de Ferhat Abbas - se réunissaient à Tanger aux fins d’examiner les perspectives d’avenir de la région en vue de la concrétisation de l’aspiration des peuples du Maghreb à l’union.

Il y a cinquante ans donc, les trois partis maghrébins, présents à Tanger, voyaient grand et, surtout, croyaient dans l’unité de ce qui était encore l’Afrique du Nord, et décidaient en commun d’oeuvrer à la réalisation de ce projet. Mais, entre le croire et le pouvoir, il y a eu encore et toujours les impondérables de la politique qui n’ont pas permis à cette oeuvre civilisationnelle de se réaliser. Il fallut, en fait, attendre 30 ans pour voir cette idée d’union revenir à l’ordre du jour. C’était en octobre 1988, lorsque les cinq chefs d’Etat du Grand Maghreb se sont réunis à Zéralda pour réveiller l’esprit de Tanger et remettre l’ouvrage sur le métier.

L’accord de Marrakech formalisa, l’année suivante, le concept d’Union du Maghreb (UMA) et posa les premières structures d’une Union qui promettait beaucoup, comme d’ouvrir les portes à un Grand Maghreb libéré des pesanteurs qui n’ont pas donné aux objectifs de la rencontre de Tanger de se concrétiser sur le terrain. Mais, comme pour Tanger, qui n’a pas connu la suite attendue, l’UMA - qui a navigué à vue - a été bloquée dès son avènement sur ses starting-blocks au premier coup de semonce (l’affaire du Sahara occidental notamment) que les chefs d’Etat du Maghreb ont eu à affronter et n’ont pas su l’éviter ou le dépasser, d’autant plus que le dossier sahraoui était pris en charge par la Commission de décolonisation de l’ONU. En fait, c’est le concept même du fonctionnement de l’UMA, qui a fait que cette structure régionale n’a pas pu aller plus loin que les intentions.

Au moment où le Grand Maghreb va se retrouver de nouveau à Tanger pour célébrer le cinquantième anniversaire de la rencontre tripartite maghrébine, il est vital pour les responsables maghrébins, et urgent de revoir l’approche de l’Union du Maghreb. Redonner à cette idée toute sa raison d’être et aussi réanimer l’esprit de Tanger - avec l’espoir que les uns et les autres tireront les leçons des erreurs jusqu’ici commises qui ont contrarié la construction de l’unité maghrébine - doit être aujourd’hui la priorité et le leitmotiv des responsables maghrébins qui vont se retrouver, dans les prochains jours, à Tanger pour célébrer cet anniversaire. Tant il est vrai que les pays de cette région ne peuvent faire face, dispersés comme ils sont, aux nouveaux défis de la mondialisation.

N. KRIM

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