Bagdad, cinq ans après…
Cinq ans après la chute de Bagdad et tout ce que vous savez des mensonges qui ont préparé l’invasion et tout ce que vous savez des vraies raisons de l’occupation, Bush vient de reconnaître les difficultés du terrain. Cinq ans de guerre, c’est long et ce n’est pas fini. Des malheurs terribles qui se sont abattus sur le peuple irakien et sur cette terre martyre.
Un million de morts, quatre millions de déplacés dont deux millions d’émigrés, une véritable chasse aux savants et aux universitaires, des dizaines de milliards de dollars disparus en corruption, de l’eau et de l’électricité quelques heures par jour, la destruction des infrastructures de base, le démantèlement des services publics, la mort et la souffrance au quotidien à des degrés insupportables.
Et pourtant, malgré l’aide précieuse d’Al-Qaïda qui avait la même mission que les USA – enclencher une guerre confessionnelle, prélude à la partition idéologique du pays qui préparait la partition politique et physique – l’administration Bush n’est pas arrivée à ses fins. Si les Kurdes se sont installés dans une autonomie active et s’ils ont précédé les désirs américains en concédant leur pétrole à de nouveaux exploitants, cela marche moins au sud.
Le principal courant chiite, celui de Moqtada Sadr, refuse d’entrer dans les plans américains, d’El Maliki et du ministre du Pétrole. Ce courant ne veut pas de la partition du pays ni du partage très tentant du pétrole – à chaque région ses revenus pétroliers – ni de la création d’un canton chiite. Les crimes d’Al-Qaïda ont fini par jeter les sunnites les plus actifs dans les bras américains avec le mouvement Sahwa qui en reçoit argent et armes.
Restait le camp chiite qui ne voulait pas des baâthistes mais ne voulait pas non plus d’une division de l’Irak en cantons. El Maliki et les Américains passent à la phase de son élimination après l’avoir maintenu dans le processus politique. D’autres courants chiites sont pour le partage du pays et le partage de la rente pétrolière.
Cinq ans après l’invasion de l’Irak, les Américains n’ont pas atteint pleinement leurs buts fondamentaux. La bataille qui se déroule sous les dehors d’une lutte contre les milices illégales – il y en a de légales, donc ? – ne poursuit que cet objectif : éjecter Moqtada Sadr du Parlement et du gouvernement pour faire passer la loi sur le pétrole.
Mohamed Bouhamidi
