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30 avril 2007

Le denier de la culture

Ecrit dans : Commentaire El Watan

La relance culturelle, que chacun appelle de ses vœux en Algérie, se heurte à une absence de stratégie et de moyens. Il manque toujours à ce secteur un centime pour faire un dinar. Cela se répercute sur les jeunes dont la créativité se dilue dans de terribles arcanes où la bureaucratie rigide le dispute à l’hostilité de l’environnement.

Quel autre paysage découvrent ces créateurs potentiels que celui d’une scène culturelle frappée de désolation avec un réseau de salles de cinéma qui n’est plus qu’un souvenir. La génération de l’après-indépendance en fait les frais, elle, dont les œuvres, qui ont tant coûté à la collectivité nationale, relèvent désormais de l’oubli.

Les dissolutions d’entreprises cinématographiques et audiovisuelles ont livré des professionnels aguerris à l’incertitude du lendemain ou aux aléas de l’exil. Une terrible déperdition à laquelle s’ajoute le fait que le souci de préparer une relève devenait caduc puisque les pionniers du cinéma et de l’audiovisuel avaient été sacrifiés.

Sans doute des domaines comme ceux du théâtre, de la chorégraphie — avec un ballet national qui avait un statut d’ambassadeur — des arts plastiques, de la musique, sont-ils également entrés dans cette sphère du déclin sans que nul n’y puisse rien. L’Etat n’avait plus eu, à un certain moment de l’histoire immédiate du pays, à assumer le rôle de mécène et du coup c’est toute la problématique culturelle qui s’en est trouvée reconsidérée.

Aujourd’hui, il y a une résurgence culturelle marquée par l’apparition d’investisseurs privés dans l’édition et l’audiovisuel, mais ce frémissement ne peut pas se suffire à lui-même au regard des flux financiers nécessaires en amont et en aval de ces activités. Les tirages des maisons d’édition demeurent modestes, car le marché de la lecture est en gestation malgré les progrès de l’enseignement à tous les paliers et le recul de l’illettrisme en Algérie.

Le prix du livre est exorbitant et à cette pénalité les éditeurs se confrontent aussi à celle de faire connaître leurs produits et inciter à les acheter. Il faudrait, en effet, ce que ne peuvent pas faire la plupart des éditeurs, avoir la capacité de payer des campagnes publicitaires à l’image de ce qui se fait ailleurs dans le monde.

Les éditeurs en sont réduits à agir en franc-tireurs et n’avoir que l’objectif de survivre dans un contexte toujours défavorable alors qu’il y a la possibilité de faire, ensemble, plus et mieux. Pourquoi ne serait-il pas possible, en ces temps d’embellie financière, dont bénéficie le pays, que les instituions publiques soutiennent cette résurgence culturelle ? Il suffirait par exemple, et ce n’est pas restrictif, que les collectivités locales acquièrent tout ou partie de la production de ces éditeurs que ne peut pas aspirer le seul marché algérien.

C’est à cet égard que se mesure l’implication de la puissance publique dans la vie culturelle et cela a pu se vérifier à l’occasion d’un événement comme Alger, capitale de la culture arabe qui a conduit le ministère compétent à contribuer notamment aux budgets des films en train de se faire. Ce désir de produire est d’ailleurs suffisamment fort pour justifier d’être un thème de campagne dont les candidats à toutes les élections ne peuvent pas faire l’économie. Surtout pas celle-là.

Amine Lotfi


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