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28 mars 2008

Et si c’était non ?

Ecrit dans : Vu à la télé

L’Unique a pris la résolution de ne plus faire campagne pour la révision de la Constitution.

Après des mois de battage pour préparer le terrain au troisième mandat présidentiel de Bouteflika qui semblait couler de source, notre télé nationale a donc jugé plus sage de remiser cette action purement propagandiste qui risquait d’avoir un effet désastreux sur l’image du Président déjà en baisse de popularité pour “gouvernance mitigée” comme disent les politologues avertis. Mais il ne faut pas se leurrer, cette décision n’aurait jamais été prise par HHC si l’injonction n’était pas venue d’en haut. L’ordre a été donné pour arrêter ce mouvement d’humeur qui prenait dangereusement des allures folkloriques avec la pléthore de zélateurs issus de tous bords qui se voyaient offrir une tribune gratuite pour faire, en réalité, leur propre promotion médiatique.

Il fallait mettre un terme à ce tohu-bohu qui commençait sérieusement à exaspérer les citoyens et laisser faire le temps pour les grandes manœuvres politiques. Pour marquer la distance, il a fallu cependant que le Président lui-même intervienne subrepticement dans cette campagne à sens unique et un peu trop arrimée au concept du culte de la personnalité, pour dire à l’opinion publique que lui, le premier magistrat du pays, reste en dehors de ces manipulations sonores qui résonnent comme des fausses notes dans la stratégie adoptée jusque-là par le Pouvoir central pour lui garantir, dans les règles de l’art, le succès électoral à venir. L’interview qu’il a accordée dans l’intervalle à l’agence Reuters qu’il a préférée à un média national qu’il soit public ou privé marque à l’évidence le break.

Mais plus prosaïquement Bouteflika, dont on attendait impatiemment qu’il s’exprime clairement sur sa volonté ou sa disponibilité à briguer ou non un troisième mandat, n’a en rien clarifié le problème de fond lorsqu’il dit d’une part qu’il ne peut présenter sa candidature sans avoir au préalable la certitude d’avoir honorer ses engagements vis-à-vis du peuple et que d’autre part il a la santé nécessaire pour relever le défi, message destiné on l’aura compris à tous ceux qui ont tendance à verser dans quelques suspicions médicales. Voilà en tous cas une réponse sibylline destinée à prolonger le suspense qui confirme toute l’ambiguïté de la vie politique à l’algérienne.

Les observateurs qui analysent la moindre parole du Président pensent qu’il a trop dit ou bien pas assez sur son intention de rester à la tête de l’Etat, la victoire par les urnes ne restant pour lui qu’une simple formalité si d’avis il dirait oui ! Reste l’hypothèse très fantaisiste du renoncement qui prendrait tout le monde à contre-pied, mais qui mérite qu’on s’y attarde même si cela relève de l’amusement. Imaginons, en effet, un instant que Bouteflika pour une raison ou pour une autre accepte simplement et sans plus de terminer son mandat.

Que deviendrait alors toute cette stratégie politico-administrative mise en place pour l’introniser de nouveau et qui n’avait aucun scrupule à aller jusqu’à retoucher la révision de la Loi fondamentale. Quelle crédibilité faudrait-il aussi accorder à toutes ces voix qui ont investi durant des mois le petit écran et qui ont crié dans les meetings leur adhésion spontanée à cet amendement constitutionnel sans chercher à comprendre si cet acte d’une importance capitale irait dans le sens du développement du pays ou pas. Quelle raisonnement restera-t-il à l’Unique face à un tel retournement de situation.

Bien sûr que l’on trouvera la tonalité idoine pour justifier le choix du Président sortant et là on fera confiance à tous les relais propagandistes qui sont capables, en un tour de main, de militer aujourd’hui pour un slogan et vanter demain son contraire, mais un refus de Bouteflika à toutes les sollicitations pour la Direction de l’Algérie prendrait des proportions sismiques tellement fortes qu’il vaudrait mieux ne pas y penser. Et demeurer par conséquent dans cette expectative qui n’a rien de passionnant sinon qu’elle nous rappelle que nous vivons dans un système où les dés sont souvent pipés à l’avance.

Il n’y a pour l’heure que notre chère Unique qui semble perdre au change en se voyant privée d’une matière qui meublait un tant soit peu les vides des JT. Il faut s’adapter aux situations… mais en attendant c’est vers le secteur sportif, miné par des conflits d’influence, que les yeux se tournent. Des journaux ont rapporté, en effet, qu’entre le DG de l’Unique et son adjoint, le courant ne passait plus très bien. La lune de miel entre HHC et Derradji s’est donc estompée. Certains diront qu’elle s’est terminée dans une ambiance assez orageuse.

Il faut croire que la mésentente entre les deux responsables couvait depuis quelque temps déjà. Elle a fini par éclater, si on se réfère aux commentaires de presse, en une vive discorde de nature purement professionnelle qui avait d’abord pris forme avec le directeur de l’information. En fait, selon des confidences internes, c’est ce dernier qui a commencé par ouvrir les hostilités avec le directeur adjoint de l’ENTV, acceptant probablement mal l’ascension vertigineuse à ce poste de l’ancien journaliste sportif.

Le conflit est remonté fatalement jusqu’au grand boss qui a préféré, pour se séparer d’un numéro 2 un peu trop envahissant et qu’il fallait neutraliser, se mettre du côté de son rival. Résultat des courses : Derradji est poussé vers la sortie. Il est tenté par une virée dans les pays du Golfe où on gagne beaucoup d’argent. Entre le prestige de la télé nationale défendu contre vents et marées et le miroir aux alouettes, le dilemme est bien réel.

A. Merad


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