Medvedev, clone de Poutine ?

Une chose est sûre : Vladimir Poutine dérange. L’homme qui venait du froid, pour reprendre un célèbre titre de John Le Carré, a remis son pays sur orbite sans céder aux puissances occidentales. Après l’effondrement de l’URSS et l’arrivée au pouvoir d’Eltsine, elles pensaient faire de la Russie un pays obéissant au doigt et à l’œil aux désidératas occidentaux et, partant, prendre leur revanche sur cette URSS qui avait eu le tort, un tant soi peu, de soutenir les pays en lutte pour leur indépendance.
Pis : dans sa politique de démantèlement de l’ex-URSS, Eltsine s’était fait aider par un bureau d’études américain. Le pays était alors livré à tous les appétits.

La Russie était en train d’être normalisée, en train de se transformer en une vulgaire république bananière. Quand Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir en 2000, la Russie était un pays délabré, mis en coupe par ces oligarques, issus de l’ex-parti communiste. Mais voilà, c’était sans compter avec cette «âme russe» chantée par Gogol et Pouchkine. L’homme qui venait du froid a alors entrepris de redresser la situation, de redonner à ce pays la puissance qu’il avait perdue. Pas question que la Russie devienne un pays soumis aux puissances occidentales, un pays devant servir l’expansion américaine.

Poutine voulait que son pays retrouve sa place dans le monde. Pour y parvenir, Vladimir Poutine n’a pas hésité à éliminer ses adversaires qui voulaient que la Russie s’aligne sur les Etats-Unis en matière de politique étrangère sous prétexte de défense des valeurs occidentales et chrétiennes. Et Washington a mis du temps à réaliser qu’elle avait affaire à un nationaliste pour qui la Russie ne pouvait être un simple faire-valoir de la stratégie US. Sur l’Irak, sur le nucléaire iranien ou sur la question palestinienne, Poutine s’est opposé aux Etats-Unis. Pis : le fait de fermer les champs gaziers et pétroliers aux multinationales US, interdisant l’ouverture de Gazprom au capital occidental, a irrité Washington et ses alliés européens.

Dès lors, par médias et ONG interposés, on a commencé à lui chercher des poux dans la tête. La Russie est alors accusée d’atteinte aux libertés, d’assassinats… Certes, il y a eu des assassinats non élucidés, comme celui de la journaliste Anna Politkovskaïa. Mais, au-delà, c’est le fait d’avoir voulu que la Russie soit traitée comme puissance qui compte dans le monde qui a le plus dérangé les intérêts occidentaux. Reste que sur le plan interne, Poutine a redressé la situation. Avec des réserves de changes de plus de 500 milliards de dollars, la troisième du monde après la Chine et le Japon, le recul de la pauvreté et du chômage, des revenus par habitant multipliés par quatre, la Russie d’aujourd’hui a retrouvé le niveau de vie de l’ex-URSS des années 80.

Contrairement à l’Algérie – l’exemple est peut-être mal à propos – il n’y a pas que le gaz et le pétrole (la Russie est le premier producteur au monde avant l’Arabie saoudite), la Russie a relancé sa production industrielle, notamment l’industrie de l’acier, de l’aéronautique spatiale et de l’armement. Poutine a gagné en popularité et l’élection présidentielle était gagnée par avance.

Sans truquage d’urnes. Cela étant, son successeur à la tête de l’Etat, Dimitri Medvedev, ex-patron de Gazprom, n’est pas une marionnette de Poutine. Il partage avec ce dernier le fait de redonner à la Russie sa place dans le monde. Sans doute, paraît-il plus lisse. Il n’en reste pas moins qu’il peut en surprendre plus d’un.

Medvedev ne donne pas l’impression d’avoir été élu pour chauffer, l’instant d’un mandat de cinq ans, le fauteuil de chef d’Etat pour Poutine. En fait, il fait partie de cette nouvelle génération de dirigeants post-soviétiques avec laquelle il faudra compter. Et il n’est pas sûr qu’il laissera facilement sa place à Poutine au terme de son mandat. A moins d’une surprise, avec Dimitri Medvedev, une Russie nouvelle est sans doute en train de voir le jour. Alors, Medvedev, simple clone de Poutine ! Pas si sûr !

Hassane Zerrouky

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