Antisémitisme de conviction

S’il fallait absolument «une preuve solide de ce que tout le monde sait déjà», Mohamed Chérif Abbas vient de la donner. Son allusion on ne peut plus expresse aux origines du chef de l’Etat français n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler une maladresse, mais on peut la considérer ainsi du fait que son impact est resté dans la faute de goût et de la bourde diplomatique.

Le – grave – propos antisémite semble donc passer au second plan, s’il n’est pas carrément ignoré et le « dérapage » n’a apparemment suscité la réaction que parce qu’il intervient dans un contexte de visite d’Etat qu’il faut sauver à tout prix, quitte à passer sous silence le fond du problème.

La réalité est qu’un ministre de la République s’est laissé aller à ce que tout le monde a lu ou entendu, et le fait qu’il ait imaginé un seul instant que ses déclarations pouvaient passer sans dégât est révélateur de quelque chose de beaucoup plus horrible : l’antisémitisme, comme d’autres formes de racisme, est un fait de société dans notre pays. Il est d’une telle banalité et d’une telle ampleur qu’un homme, à un si haut niveau de responsabilité, s’est cru inspiré d’en mettre une couche dans le discours.

Qui s’en offusquera ? Pas grand monde, et manifestement, il n’y a pas de quoi, puisque même le ministre des Moudjahidine dans sa pathétique gymnastique, censée réparer l’irréparable, n’a pas dit un seul mot sur l’essentiel de ce qui a soulevé l’indignation des autorités françaises.

Le démenti sur le fond étant – et pour cause - difficile à assumer par Mohamed Chérif Abbas, il s’est résigné, l’oreille encore douloureuse, à sauver la situation avec de vagues artifices qui présentent l’avantage de pouvoir faire passer l’orage sans avoir à se renier. Bien sûr, la presse a encore déformé ses propos, d’autres ont fait dans la facile extrapolation et le malentendu est évident. Sur quoi donc ? «Il n’a jamais été dans mon intention de porter atteinte à la personnalité du chef de l’Etat Français».

Et c’est déjà beaucoup, semble nous dire le ministre des Moudjahidine visiblement outré d’avoir à s’expliquer pour si peu. Il reste le communiqué de la présidence de la République qui a sûrement le mérite de désavouer publiquement un ministre en fonction, même s’il n’est pas assez explicite sur le fond de la question.

La suite, s’il y en a une d’envisageable, nous édifiera sur le reste. La tête de Mohamed Chérif Abbas suffira-t-elle à endiguer la bête immonde ? Dans l’absolu, sûrement pas. Mais à ce niveau et dans le cas précis, beaucoup s’en contenteraient. La visite d’Etat de Nicolas Sarkozy n’en a peut-être pas besoin pour être sauvée l’Algérie moderne, ouverte et tolérante, si.

Slimane Laouari

Du coq à l’âne : Dans ma commune de naissance, le FFS et le RCD sont à égalité de sièges et il suffit d’une décision d’alliance pour que les deux partis soient en situation de majorité absolue.

Mais aucun des deux ne veut en entendre parler pour la raison évidente que l’un comme l’autre revendique le poste de maire. Non, il n’y a jamais eu de problème de leadership chez les démocrates.

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