La vie après le jurassique

On n’a pas grand-chose en termes d’information mais on a le son et l’image. Vu et entendu à la télévision, le Président avait l’air fatigué et sa voix semblait vraiment usée par de longues diatribes. Epuisé par le devoir de gérer les équilibres, de faire un grand écart chaque matin devant sa glace, de rassurer tout autant les défenseurs du hijab que les esthètes de la mini-jupe.

Fatigué de taper sur les mains des voleurs de budgets, de réprimander les chefs de chantiers, de mettre les ministres au travail et de contrôler tous les médias. Au-delà des rumeurs, certaines fondées, et d’autres fortement teintées de pure malveillance, le Président n’est pas au mieux de sa forme. D’ailleurs, il ne sort pratiquement plus, ne parle plus de troisième mandat et les marcheurs spontanés du grand club « ouhda thalita » ont disparu.

Le Président parle d’une voix presque éteinte et quand il parle de réformes de la justice, même les magistrats ont du mal à l’entendre. D’ailleurs, d’après un ORL spécialiste des cordes vocales et qui a requis l’anonymat, la fin serait proche. A plus ou moins long terme, l’Algérie, ou plutôt ses décideurs, devront trouver un nouveau président. On raconte que les dinosaures, sentant leur fin proche, se rendent tout seuls au cimetière pour s’endormir à jamais au milieu des leurs.

Les dinosaures meurent tous et l’actuel Président, tout comme ses anciens compagnons, ira lui aussi rejoindre le territoire des ombres retrouver le fils de Crao. Mais après la mort des dinosaures ? Une Algérie de poulets, d’autruches et de volailles volages ?

Car ce que l’on peut reprocher aux dinosaures algériens, c’est de n’avoir rien laissé derrière comme personnel. Tout juste une couvée de dindes d’élevage serviles, sans ambitions, courbées, molles et consensuelles. C’est dramatique mais un jour on regrettera l’ère du jurassique et les dinosaures.

Chawki Amari