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03 octobre 2007

Banques, réforme et corruption

Ecrit dans : Contrechamp

“La crainte est que nos banques ne pouvant faire face à l’agressivité des banques étrangères, risquent de mourir de leur belle mort. C’est pourquoi nous devons mettre les bouchées doubles pour les soulager de leurs servitudes de service public.” C’est ce qu’a dit le Chef du gouvernement.

Mais, il ajoute que “pour les entreprises publiques non solvables, l’État ne va pas continuer à perfuser des cadavres ; il va aller vers leur dissolution…”

Pourquoi ce qui vaut pour les entreprises de production ne vaudrait-il pas pour les entreprises bancaires ? Les banques publiques ne souffrent pas des seules créances dues au paiement des salaires des entreprises publiques insolvables. L’ingérence de la cooptation dans la gestion du crédit, le déficit technique et organisationnel, les carences de la fonction de contrôle, le sureffectif, l’excédent d’immobilisations et la banalisation des détournements ont certainement bien plus d’effet sur la rentabilité de nos banques primaires que les seules créances douteuses des EPE. Le mal réside dans leur maintien à un âge bureaucratique de banque du régime et dans leur soumission à l’injonction politique et de la prescription administrative.

L’État tient un discours qu’il ne peut pas assumer, parce que la banque publique est conçue comme un instrument, non pas de la politique économique, mais de la politique tout court. Les exemples de Ousratic ou de l’Ansej en sont les preuves. Pour nécessaires qu’elles sont, ces initiatives, au lieu d’avoir leur dispositif de financement propre, imposent aux banques réputées autonomes un mode de financement préconçu. Or, celles-ci ont besoin de leur autonomie pour concevoir leurs propres produits et engager librement leur responsabilité de gestion.

Dans un pays qui chante la relance, on n’a pas d’institution de financement du développement : les banques, n’ayant pas toute latitude de financer les crédits à long terme, prêtent pour cinq ans à des projets amortissables en vingt ans ! D’où les crises de remboursement qu’on connaît sur les grands projets.

Certes, il est stratégiquement dangereux que le système bancaire repose, trop majoritairement, sur des opérateurs étrangers. La problématique n’aurait cependant pas lieu d’être si le pouvoir ne s’était confondu dans l’échec du lancement d’une activité bancaire privée nationale. La corruption a imposé aux premières initiatives bancaires du privé local des dérives mafieuses qui ont conduit l’expérience vers un scandaleux échec.

Les agissements de responsables d’institutions et de leurs proches ont été, comme l’ont montré les procès, même incomplets, à l’origine de ce fiasco. Comme si c’était fait exprès, la mésaventure des banques privées nationales nous met aujourd’hui devant l’alternative du diable : la banque d’État ou la banque étrangère.

Il n’est pas normal de condamner une démarche parce que la corruption politique l’a dévergondée.

Pour se libérer de ce choix imposé et donner toutes ses chances à la banque privée nationale, peut-être faudra-t-il reprendre le mal à sa racine : faire toute la lumière sur les scandales financiers qui ont émaillé le début de libéralisme bancaire.

Mustapha Hammouche


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