La lune est pleine, comme la coupe
Ecrit dans : Point Zéro
Lu en page trois. Trois militaires et trois gardes assassinés, toujours par les mêmes, toujours dans la même région, toujours en Algérie. Reléguées presque à la rubrique des chiens écrasés, ces victimes n’ont pas l’air de peser sur l’optimisme béat, comme s’il était normal de mourir quotidiennement en explosant sur des bombes.
Pourtant, si l’on ajoute ces morts aux précédents, le score est lourd. Mais c’est connu, quand on aime, on ne compte pas et les autorités sont plus préoccupées par le prix du pétrole que par la mort de quelques gardes forestiers et soldats du front. Que se passe-t-il ou que s’est-il passé ? Comment le GSPC, régulièrement annoncé mort ou victime d’une intoxication alimentaire, parvient-il aussi régulièrement à tuer ?
Comme le soulignait fort justement le chroniqueur Hammouche, les lecteurs de journaux disposent d’une foule de détails sur les activités terroristes. On sait où ils se rencontrent, pourquoi, quand, combien ils sont, ce qu’ils se disent, voire comment ils sont habillés et ce qu’ils ont mangé à midi. Pourtant, ils sont toujours là , quelque part dans les forêts, à narguer tout un pays.
Tout le monde l’aura remarqué en regardant le ciel, la coupe, comme la lune, est pleine. A deux semaines de la fin du Ramadhan, les questions sécuritaires alimentent largement les sites internet et les forums de discussion, là où discutent les Algériens de base. Comment des terroristes qui n’activent que sur une zone de quelques dizaines de kilomètres carrés existent encore ?
Au lieu des ridicules barrages de police au centre-ville, peut-on envoyer tout le monde au front ? Tout ce que compte le pays de forces, militaires, gendarmes, policiers, pompiers, facteurs, agents de sécurité, journalistes armés et délinquants shootés au Rivotril en indexant des primes ? Peut-on ? Non, la sécurité est l’affaire de l’Etat. Comme la religion.
Chawki Amari
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