KOFR !
Ecrit dans : Pousse avec eux
«A peine sorti de Aïn Naâdja où il a été soigné, l’imam Qaradaoui s’en prend vertement aux groupes terroristes.»
Aucun doute, il a été bien soigné !
Un indicible sentiment d’indécence se dégage de la lecture des détails orgiaques autour de la future mosquée d’Alger. Méga-projet. Projet pharaonique. Le plus haut minaret du monde. Une surface gigantesque dédiée au faste de la religion. Un rêve présidentiel qui devrait se concrétiser dans 75 mois, inch’Allah. Encore un qualificatif, encore un superlatif, encore une phrase aussi empruntée et je gerbe mon f’tour. Il n’est pas interdit de rêver. Mais ce genre de rêves coûte la peau des fesses des pauvres musulmans d’ici. J’ai d’autres propositions de thèmes pour les chanceux qui peuvent encore rêver. J’en ai une particulièrement aujourd’hui, là , sous les yeux. C’est dans le quartier du Hamiz. Entre les commerces d’électroménager et le marché sauvage en face de la caserne de la garde communale. Tous les soirs, à la fermeture des magasins et du marché, des enfants, des bandes d’enfants envahissent les lieux. Individuellement, plus souvent par grappes, ils s’empressent de faire leur tournée, avant que les agents de Net-Com n’entament la leur. Par «spécialités», ces enfants nettoient la zone. Il y a les groupes du Marché. Ceux qui récupèrent des denrées alimentaires abîmées ou pas trop pourries. Tous les cageots sont inspectés. Les poubelles sont scannées. Et des cris de joie s’élèvent dans le ciel pollué du Hamiz lorsque des petites mains d’enfants tombent sur des grappes de raisin potentiellement avalables. D’autres groupes «travaillent» le secteur magasins et grossistes. Et, là , il y a des subdivisions dans la collecte. Les enfants du carton d’emballage. Les enfants du polystyrène compensé. Les enfants des palettes en bois. Ou encore les enfants du film plastique transparent ou opaque. Moyenne d’âge des enfants : 10 ans. Partant de là , vaut mieux faire court, aussi court que l’espérance de vie des enfants du Hamiz. Lorsqu’on rêve de méga-mosquée avec le plus haut minaret du monde, alors qu’au même moment les enfants du pays font les poubelles aux abords de la capitale, on n’est déjà plus dans le simple décalage, on n’est déjà plus dans la gestion incongrue des deniers publics, on est en plein dans le kofr, dans le contresens, dans l’antithèse même du discours divin. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam
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