Qu'est-ce que c'est ? A partir de cette page vous pouvez proposer le billet « La parade et la barricade » sur différents sites grâce aux liens de la partie Social Web afin qu'il y soit sauvegardé et partagé, ou vous pouvez utiliser le formulaire E-mail pour envoyer un lien par email.

Social Web

E-mail

E-mail It
16 septembre 2007

La parade et la barricade

Ecrit dans : Contrechamp

Zemmouri n’a vraiment pas de chance ! Épicentre de l’agitation tectonique meurtrière, elle est aussi foyer de la subversion islamiste sanglante.

Zemmouri n’a pas de chance. Même la reconstruction est régulièrement contrariée par les explosions. Les bâtiments qui émergent laborieusement du sol parviennent à peine à faire oublier la récente désintégration de la ville, mais le terrorisme n’a pas d’état d’âme : c’est aux plus éprouvés qu’il refuse le répit.

Le jour de cet attentat de plus, le directeur général de la Sûreté nationale annonçait avoir “trouvé la parade contre les attentats kamikaze”. Mais, pourquoi chercher une parade contre le terrorisme kamikaze en particulier, puisque l’antidote du terrorisme en général a été mis au point depuis 1999 et est appliqué depuis toutes ces années ? Juste pour périmer le “shoot to kill” de Scotland Yard, déjà condamné depuis qu’il a été essayé sur un Brésilien qui a eu la mauvaise idée de trop se couvrir avant de courir vers son métro, à Londres ?

C’est vrai que sur le terrain, l’illusion réconciliatrice a vécu. À voir l’âge des candidats au suicide sacrificiel, le GSPC n’a pas de difficultés à renouveler ses troupes. Tandis que de faux “repentis” se mettent en réserve de la république théocratique et fructifient leur butin de guerre, d’entreprenants imams s’adonnent à la formation théorique de la relève. Des adolescents viennent compenser les rares défections que l’attrait de l’impunité ou la brutalité de leurs chefs a provoquées.

Devant l’aggravation de la situation sécuritaire, loin de faire preuve d’innovation, les autorités rappellent les bons vieux réflexes : de plus en plus de passages obstrués par des obstacles, de plus en plus de refuges enclavés… L’augmentation de rues condamnées est sur le point de poser, par endroits, un réel problème de voierie.

Une désagréable impression d’un État qui se barricade et d’institutions qui se calfeutrent s’en dégage. Ce n’est au demeurant pas le meilleur message de “paix revenue”.

“Les choses marchent bien. C’est un système qui est en train de se mettre en place sur tout le territoire”, rassure le DGSN, avant d’inquiéter : “C’est un programme qui est tracé jusqu’en… 2009.” L’horizon sécuritaire, qui correspond curieusement à l’horizon politique, “voit trop loin” pour des citoyens qui ont été éprouvés aujourd’hui.

Ce langage contradictoire est sans effet sur une population qui ne comprend pas le strabisme stratégique du pouvoir. Désormais, les Algériens préfèrent prendre leurs responsables non plus au mot, mais à l’acte.

C’est ainsi qu’à Zemmouri, des citoyens se sont mis à poser des pierres et des parpaings aux abords de leurs domiciles pour empêcher les véhicules de passer ou de s’arrêter trop près ! Des voitures et des colis piégés y ont été, en effet, déjà déposés auprès du domicile ou du local professionnel de personnes ciblées. Les plus inquiets ont donc pris exemple sur la pratique officielle.

La lutte contre le terrorisme appelle une volonté politique intraitable ; la démarche de réconciliation suppose une attitude débonnaire de conciliation. Faute de résolution, et en attendant… 2009, chacun devra-t-il s’arranger sa petite forteresse ?

Mustapha Hammouche


Retourner : La parade et la barricade