Improvisation
Ecrit dans : Editorial Expression
Conduire un projet n’est pas facile même s’il est bien ficelé. Diriger un programme l’est encore moins. Que dire alors d’une nation. Le gouvernement a toujours nourri l’idée de loger les citoyens, de réaliser de grandes infrastructures de base et tant d’autres.
Il a même fait des promesses. Mais aujourd’hui, aucun signe de concrétisation ne se manifeste. Avant la rentrée sociale, le gouvernement a suggéré des sacrifices. On ne sait de quoi il s’agit. Aussi, à l’approche du rendez-vous électoral, l’Exécutif, notamment ses relais, veut passer à l’offensive.
Même la Centrale syndicale s’y met. Elle retrouve le terrain. Après avoir soutenu la privatisation, l’Ugta affirme aujourd’hui que l’Etat va soutenir financièrement 220 entreprises publiques économiques dans le cadre de la relance du secteur économique public.
Or, en matière de privatisation, les Algériens en ont connu des vertes et des pas mûres. Elles ont été tellement coûteuses et tellement douloureuses.
Les partants volontaires de cet épisode peu glorieux de la restructuration de notre économie, courent encore derrière leurs droits pour certains, d’autres errent dans la cour de la Bourse du travail et tous sont devenus presque des parias. Et l’annonce de la dissolution des Eplf ne fait que compliquer la situation. Et ce n’est pas le déplacement du secrétaire général de l’Ugta à Tizi Ouzou et Rouiba qui va calmer la grogne naissante.
D’autant que c’est la même composante syndicale, à quelques exceptions près, qui a cautionné la privatisation.
Aussi, pour calmer les esprits, on procède à la distribution de dons et des produits alimentaires aux nécessiteux. Une fuite en avant, marquée par cette focalisation sur le tube digestif alors que les raisons d’une grogne sociale sont nombreuses: délestage, rupture d’eau, hausse des prix, surcharge des classes, violences dans les stades. Autant de raisons pour crier sa colère.
Et à ce rythme, l’Algérien est en passe de se souvenir des grandes ambitions pour exiger le changement. D’autant qu’on est en droit de se demander vers quelle direction va-t-on évoluer dans la mesure où on a étalé nos limites sur la place publique. Et ce n’est pas en injectant de l’argent dans des entités économiques en chute libre que le pays sortira du marasme économique, du fait que d’autres indicateurs révèlent la fragilité d’une économie contrainte d’agir dans l’improvisation.
Smail ROUHA
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