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15 juin 2008

Associations : l’effet rente

Ecrit dans : Contrechamp

Le ministre de l’Intérieur dénonce la profusion d’associations et leur stérilité sociale. Comme il arrive qu’on soit écœuré de son propre ouvrage, il promet d’assainir la situation associative.

Or, celle-ci découle de la politique d’essaimage organisationnel de ses soutiens. En passant de 30 000 en 1992 à 58 000 en 2001, le mouvement associatif n’a fait que répondre à la demande politique du nouveau pouvoir.

Suggérant un troc de nature “pétrole contre soutien”, le pouvoir installé en 1999, profitant de la coïncidence de l’augmentation des recettes pétrolières, a vulgarisé l’intérêt spéculatif de l’embrigadement parapolitique.

La démarche est simple : l’État s’est d’abord déclaré réfractaire à toute perspective de promotion sociale par les voies naturelles qui permettent une amélioration des conditions de vie des citoyens : politique du logement social, de l’emploi et des services publics et, surtout, gel des salaires et pensions sociales, régulièrement souligné par l’ancien Chef du gouvernement.

Il a ensuite laissé faire la démonstration de l’intérêt social que les gens ont à s’intégrer dans le réseau associatif que l’administration peut contrôler dans ses activités, dans ses budgets et dans les privilèges auxquels les adhérents peuvent prétendre.

Les campagnes électorales furent conçues comme une activité de démarchage des intérêts organisés, qu’ils soient formellement structurés, comme les clubs de football, ou informellement coalisés, comme les zaouïas.

Quand on fait campagne dans des “cercles sportifs” et dans des sièges de congrégation, apportant le magot en même temps que la bonne parole, il faut s’attendre à ce que ces lucratives institutions et leurs animateurs fassent des émules.

Il y en aura même qui penseront à créer des associations de… soutien. Au candidat, à la réconciliation nationale, au “deuxième mandat”, au “troisième mandat”…

Sinon comment penser que les zaouïas, par nature rebelles au contrôle administratifs, “régularisent” leur situation d’association officielle avant que, conflits d’intérêt obligent, ne poussent des associations de zaouïas bis, voire ter.

Cet engouement caractérisait, à une autre époque, la vie politique. Les sigles et les programmes les plus farfelus ont alors agrémenté la vie publique. De certaines initiatives, on ne retient d’ailleurs plus que les aspects anecdotiques et comiques. Mais avec la rigueur islamiste et la crise budgétaire de l’Algérie des années 1990, beaucoup ont renoncé à un engagement de plus en plus risqué et de moins en moins avantageux.

Cette marchandisation du militantisme a, de son côté, réduit l’engagement politique à ce qu’il est aujourd’hui pour beaucoup de ceux qui s’y attachent : une voie de carrière et de promotion sociale. D’autant plus que depuis 1990, la preuve est faite que dans les conditions d’exercice de cette démocratie d’allégeance, la politique n’est plus le meilleur moyen de faire valoir ses convictions.

Les partis qui émargent existeront toujours. Et pour cette unique fonction. L’encadrement politique de la société, travesti en mouvement associatif, prolonge cette fonction de corruption politique de groupes sociaux propre au système rentier. Dans cette situation, qui faut-il assainir ? Le système ou ses effets ?

Mustapha Hammouche


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