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11 juin 2008

La Grande Bleue

Ecrit dans : Editorial Expression

Jamais on a autant parlé de ce «grand lac» de paix, qu’est supposé être la mer Méditerranée, que depuis l’idée lancée par Nicolas Sarkozy, alors candidat à l’élection présidentielle française. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et grossi ce grand bassin que les peuples du Sud et du Nord partagent en commun. Beaucoup de bruit aussi et de révisions déchirantes. Ben oui! La Méditerranée, plutôt les peuples méditerranéens, méritent mieux que ce que les puissants concoctent pour elle et pour eux.

Que reste-t-il en fait de l’idée «sarkozienne» initiale? Peu, pour ne point dire rien, après la (re)prise en main de «l’enfant» par la Commission de l’Union européenne qui l’a recentré en simple re-dynamisation du Processus de Barcelone, pourtant mort de sa belle mort.

En réalité, jusqu’à ce jour, le projet de l’«Union pour la Méditerranée» demeure nébuleux, sans consistance, faisant plus dans l’à peu-près que dans la stratégie à long terme, singulièrement par la définition des objectifs à atteindre par cette nouvelle organisation communautaire, comme des moyens à mobiliser pour y faire face. Rien de tout cela n’apparaît.

Aussi, les suspicions des pays du Sud de la Méditerranée sont fondées, dès lors que leurs intérêts sont dilués dans une stratégie européenne qui en fait peu cas. D’aucuns de se poser alors la question: l’UPM, pour quoi faire?

La réponse est d’autant plus cruciale que les pays du Sud, désunis et sans cohésion, auront face à eux des Européens, véritable bloc monolithique, groupés dans une UE qui parle d’une seule voix face à des pays dont les intérêts sont divergents quand ils ne sont pas antagonistes.

Alors l’UPM c’est quoi? Simple stratagème pour imposer l’Etat hébreu aux pays arabes qui n’ont pas de relations avec Israël? Sarkozy, s’ingéniant à minimiser le fait, affirme: «Israël ne pose pas de problème» à des pays comme l’Egypte, la Tunisie et le Maroc.

Sans doute. Mais ce pays pose en revanche des problèmes à l’Algérie, la Libye, la Syrie, entre autres. Il est patent que dans l’état actuel des choses, et tenant compte de la géopolitique régionale, Israël n’a pas sa place dans l’organisation projetée.

D’autre part, pourquoi limiter l’UPM à dix pays arabes limitrophes de la Méditerranée, alors que sont admis des pays de l’Europe de l’Est et de la Baltique, au seul titre qu’ils sont membres de l’Union européenne? Pourquoi les autres pays arabes, regroupés dans la Ligue arabe, n’auraient pas également, à l’instar des pays baltes, droit de cité dans cette fameuse Union pour la Méditerranée? Trop d’inconnues en fait minent, dès son avènement, l’UPM, telle que conçue par l’UE.

A l’évidence, les initiateurs du projet doivent revoir leur copie d’autant qu’il est peu probable que le Sud, cela sans parler du cas de la Turquie, accepte de faire banquette dans une organisation marinée par Sarkozy et les décideurs de l’Union européenne.

La Grande Bleue doit unir, sinon, ce ne serait pour tous qu’une perte de temps et d’argent en ces temps durs pour les peuples et les Etats.

N. KRIM


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