LES PETITES COQUETTERIES SÉCURITAIRES !

Le Parti des travailleurs vient de le déclarer : «L’Algérie est assise sur une poudrière.» Et dire que sans Hanoune nous ne nous en serions même pas rendu compte !

Merci Louisa !

Faut vraiment avoir du temps ! Du temps pour se poser des questions aussi pointues : «Les auteurs du double attentat de Bordj-El-Kiffan visaient-ils la caserne de la Garde républicaine ? La Foire internationale d’Alger ? Ou les deux sites à la fois ?»

Face à la technicité de telles questions, devant autant de curiosité perspicace, en arrêt d’urgence devant la profondeur experte de cette interrogation, j’ai presque envie de répondre par le truc le plus bateau qui soit : «Le double attentat du Lido, comme tous les attentats qui ont lieu quotidiennement en Algérie, vise… l’Algérie !

Tout bêtement ! Et c’est faire la nique au temps précieux que de le gaspiller en méditations transcendantales sur les «cibles réelles» des tangos. Demain, une bombe éclatera à équidistance de l’Assemblée nationale et du Sénat, continuerons-nous à nous inquiéter de savoir si c’était Ziari ou Bensalah qui étaient visés ?

Enverrons-nous des topographes pour mesurer au centimètre près si la bombe était plus proche du bâtiment de l’APN que de celui du Sénat ? Arrêtons avec ces coquetteries ! Les limiers de la police et de la gendarmerie ont le droit et la mission de s’interroger sur la nature des cibles.

C’est leur boulot. Mais nous ? Sommes-nous insidieusement condamnés à déblatérer sur les cibles réelles ou supposées pour ne pas avoir à aborder la vraie question : la réconciliation nationale et l’amnistie ne sont-elles pas les éléments dopants d’un maquis jusqu’alors moribond ?

Auquel cas, au-delà des kamikazes et de leurs émirs, la responsabilité directe des attentats d’aujourd’hui, des tueries actuelles incombe à celui qui les a fait renaître, qui les a survitaminés, qui les a requinqués à travers «ses lois du pardon».

C’est, me semble-t-il, un peu plus important de dire cela que de passer son temps à jouer aux géomètres, sautillant d’un cratère de bombe à un autre. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Hakim Laâlam