La France et nous (1)
Ecrit dans : Bazooka
«Bonjour, Déplorable votre écrit sur l’UPM, d’autant plus venant de vous, mais avec le temps, on se dévoile, et ce qui apparaît est que vous n’êtes qu’un pur produit du système né après 1962 qui, exactement, comme vos «chefs», vous n’hésitez pas à monter sur vos grands chevaux dès qu’on parle d’ouverture, de respect des droits de l’homme, de liberté ou de démocratie, vous nous agitez le péril de la perfide France qui ne pense qu’à reconquérir notre pays.
«Pôvre» pays et tristes lendemains qui l’attendent quand des gens comme vous, censés éveiller les consciences, participent plutôt à son enlisement.»
Signé A.O., ce message exprime un désaccord total avec une chronique parue le jeudi 5 juin et apparemment avec toutes les chroniques que j’ai écrites sur l’Union pour la Méditerranée. Première remarque, le nom de la France et de l’Europe sont associés, dans ce message, à l’ouverture sur les autres, au respect des droits de l’homme, à la liberté ou à la démocratie ?
Deuxième remarque : qui s’oppose à ces idéaux ? Personne évidemment, si la personne est douée du simple bon sens. Et si justement elle est douée du simple bon sens, elle demandera aux défenseurs de ces idéaux, France et Europe réunies, s’ils sont universels, si tous les hommes sans exception ont droit au respect de leurs droits, à la liberté, à la démocratie, à l’ouverture de la France et de l’Europe sur leurs opinions et leurs idées.
Sinon, cela voudrait dire qu’il existe des hommes et des non-hommes. Car, enfin, si une personne est douée de bon sens, elle demandera si la France et l’Europe mènent des politiques conformes à ce qu’elles disent. Nous, nous connaissons très bien la France. Nous l’avons connue pendant cent trente ans.
Et pendant cette période, nous étions soumis au Code de l’indigénat et au Code des eaux et forêts. Si un jeune lecteur ne sait pas ce que cela veut dire, expliquons que par ces lois, les Algériens n’avaient aucun droit, absolument aucun, sur leur propre terre. Ces codes étaient des codes d’un Etat d’exception permanent sur la tête des indigènes.
Sous la France, nous n’avons connu ni ouverture, ni droits de l’homme, ni démocratie, ni liberté sans parler du racisme, des Arabes sales, vicieux, sournois, voleurs, obsédés sexuels et attardés mentaux par nature. Si le lecteur doute de ce que j’écris, il pourra se reporter aux livres d’histoire. Nous étions des hommes ou des non-hommes ?
Car il faudra nous expliquer qui a changé, la France ou nous. Nous serions devenus des hommes dignes de ces idéaux, mais alors comment ? Par miracle ou par la vertu de la guerre de Libération de la domination française ? Dans ce cas, c’est parce que nous n’avons pas suivi la France que nous sommes devenus des hommes dignes de ces idéaux.
Si ce n’est pas la guerre de Libération, c’est alors que la France a bien changé et que, maintenant, elle nous reconnaît des idéaux et des droits qu’on lui a … arrachés. Admettons que nous sommes devenus des hommes ni par la guerre de Libération ni par miracle, mais par la reconnaissance d’une France qui a changé que nous sommes des hommes comme tous les autres hommes et que pour nous instruire, nous devons nous mettre à son école. C’était bien la peine de lui faire la guerre pour lui demander ensuite une tutelle morale, un enseignement sur comment devenir des hommes. Nous verrons dans la chronique de demain.
MOHAMED BOUHAMIDI
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