Pourquoi nous déranger ?

Le ministre des Affaires religieuses, M. Bouabdellah Ghlamallah, a violemment chargé les sectes étrangères d’être à l’origine des campagnes d’évangélisation jugées suspectes en Algérie. Selon lui, ces sectes agissent en liaison avec des Algériens et proviendraient de France, de Suisse et des Etats-Unis d’Amérique. Ainsi, pour la première fois, un officiel précise l’origine d’une action qui vient bizarrement emboîter le pas aux décennies sécuritaires mourantes et qui, cette fois, divise non pas au nom de Mohamed mais au nom du Christ, que le salut soit sur eux.

Ce qui a poussé le ministre à comparer l’œuvre des groupes évangéliques à des actes de terrorisme. D’ailleurs, une vision que beaucoup d’Algériens partagent depuis déjà des années. Car l’offensive des évangéliques n’est pas d’hier alors que leur action passait pour téméraire puisqu’elle montrait plus de cran que chez nos imams pour aller vadrouiller dans les zones fréquentées par les «fous de Dieu». Une offensive qui n’a rien de religieux, pense cependant M. Ghlamallah qui croit qu’il s’agit plutôt d’une agression aux objectifs néocolonialistes.

L’affaire fait couler beaucoup d’encre alors que la polémique s’installe après l’annonce du procès de Tiaret où des gens furent jugés pour «distribution de documents afin d’ébranler la foi des musulmans». Une polémique qui annonce la couleur de ce que pourrait être la situation si jamais l’Algérie était bénie par une confrérie qui s’avère être le meilleur allié d’Israël, le tueur d’enfants palestiniens.

Ghlamallah ne nous révèle pas cependant l’identité de ceux qui agissent chez nous au nom des sectes françaises, suisses et américaines alors que rien ne dit que leur réalité n’est pas aussi sioniste. Les Algériens n’ont-ils pas le droit de savoir qui exactement veulent déstabiliser une fois de plus l’Algérie, leur pays qu’ils veulent pacifier ? Et peut-on croire à la sincérité religieuse des évangéliques quand on a de tout temps côtoyé l’église catholique avec qui les relations sont cordiales ?

Les évangéliques ne savent-ils pas que l’Algérie est un pays profondément musulman et qu’ils n’ont aucune chance de voir s’y réaliser ce qu’ils n’ont pas réussi ni en France, ni en Suisse ni aux Etats-Unis où la foi déserte les lieux ? Les évangéliques réussissent-ils chez eux pour prétendre réussir ailleurs, là où la foi sert de bouclier, là où elle a justement contribué à chasser les envahisseurs et libérer la terre et les peuples ? En réalité 10, 20 ou 30 000 convertis ne constituent pas une menace pour l’islam, dans sa maison.

«Une mouche ne tue pas mais elle dérange», dit un proverbe de chez nous. Pourquoi alors vouloir coûte que coûte nous déranger ?

Mohamed Zaâf