La question qui fâcherait Belkhadem
Ecrit dans : Bazooka
En 1999 ou en 2000, Belkhadem a fait un bruit du diable pour empêcher la venue d’Enrico Macias. On aurait cru que ce chanteur, que je n’aime pas personnellement mais dont les chansons sont dans toutes les fêtes et mariages, allait remettre en cause la guerre d’indépendance. Belkhadem a remis ça pour la visite de Sarkozy et Macias a dû renoncer à faire partie de la délégation.
Grand motif invoqué par Belkhadem : Macias a chanté pour l’armée israélienne. Juif et Français, Macias n’allait pas chanter pour l’armée iranienne mais le crime était signé ou plutôt chanté. Macias devait le payer. Belkhadem en a fait un point d’honneur. On peut reposer le problème de savoir qui nous devons recevoir en grande pompe ou ne pas recevoir : les sionistes simples chanteurs, ou les sionistes militants qui tiennent le pouvoir dans n’importe quel pays du monde.
Mais au moins la position de Belkhadem a le mérite de la clarté apparente : il est contre Israël et contre son armée. Et par conséquent, il devrait s’opposer à une reconnaissance ouverte ou honteuse d’Israël par l’Algérie. L’idée même d’appartenir à une même organisation appelée Union pour la Méditerranée devrait lui donner l’urticaire. La perspective qu’au lendemain de la réunion inaugurale de cette UPM le représentant algérien salue le drapeau de l’armée israélienne invitée pour le défilé du 14 Juillet devrait le suffoquer si l’on s’en tient à son discours sur Macias.
Or, tout semble indiquer que l’Algérie se dirige vers une reconnaissance honteuse d’Israël puisque notre pays organise une réunion entre Européens et pays arabes sur cette question. Le signal est fort. On n’organise pas une réunion sur un projet pour le plaisir de papoter ou alors on n’est pas un Etat sérieux. Pour conforter le signal, le premier débat est consacré à la Palestine, façon de nous dire que nous ne perdrons pas tout à fait l’honneur en nous asseyant avec des colons particulièrement sanguinaires, puisque le problème palestinien n’est pas oublié et qu’il ouvre les débats.
C’est vrai que c’est un dîner-débat pour qu’au dessert, les diplomates repus aient une pensée pour les enfants de Gaza qui crèvent la faim. Et c’est l’Algérie qui organise cette mascarade et cette infamie de parler d’un peuple affamé autour de tables raffinées. Belkhadem n’y a pas pensé ? Quel dommage ! Mais il faut croire quel Belkhadem ?
Celui qui brime un petit chanteur, serre les mains de grands sionistes et accepte que son gouvernement organise un dîner débat sur la Palestine ? Il ne nous reste qu’à prier Dieu — si par malheur l’Algérie officielle entre dans le jeu de Sarkozy — pour que Bouteflika envoie Belkhadem pour le représenter à Paris. On verra qui est qui face à Olmert, à Pérès et au détachement militaire israélien.
MOHAMED BOUHAMIDI
Retourner à : La question qui fâcherait Belkhadem
Social Web