A petits pas, la justice
Ecrit dans : Chronique judiciaire
Rien n’est plus rassurant qu’une justice qui avance à petits pas sûrs et sereins!
L’affaire qui a soulevé des tonnes de suspicion depuis déjà plus de quatre longues années, nous aura permis de nous conforter dans notre plus profonde conviction, que cette fois-ci est la bonne, car le dossier se trouve entre les mains d’un sacré trio. Nous citons sans hésiter Fatiha Brahimi, la valeureuse présidente de la troisième chambre correctionnelle de Blida, excellemment assistée des non moins valeureux conseillers, Belaïd Oulahcène et Houria Boudissa.
Ces trois magistrats étaient tellement près du dossier qu’ils étaient entrés dans la salle d’audience avec la détermination de ne pas laisser le champ libre au quatuor de conseils pour patauger dans le périmètre «questions préjudicielles». Et c’est précisément ici que nous, nous allons nous permettre de vous relater la séance d’escrime entre les avocats Maître Ouarti, Maître Benaki Foudil, Maître Djamel Boulfrad et Maître Brahimi autour des accusations des uns et des autres avec ceci de particulier: aussi bien la victime que le prévenu ne sont prêts à faire une quelconque concession.
Ce qui est plaisant à souligner c’est que les deux adversaires font confiance à la justice et surtout à Fatiha Brahimi, la juge qui saura, au fil des débats, être à la hauteur de leurs espérances avec sa droiture et sa vigilance.
A la question de la présidente, relative au casier judiciaire du prévenu, ce dernier a répondu qu’il ne faisait l’objet d’aucun arrêt définitif et encore moins d’être un récidiviste.
Ce qui n’a pas empêché la victime de balancer que son adversaire était bel et bien un récidiviste condamné à titre définitif.
«Et si on demandait le B2 pour voir un peu ce qu’il y a dedans?», lâche la juge qui venait de sonner la charge d’un procès équitable.
Elle jette un oeil vers son dévoué greffier prêt à prendre acte au moindre signe de tête de Brahimi, seule habilitée à disposer de la police de l’audience. Il est vrai que le prévenu, au cours des débats, n’avait cessé de gesticuler sous l’oeil bénin de ses avocats qui ne voulaient, à aucun moment, indisposer la chambre pénale.
Heureusement que la présidente avait dit et redit à qui voulait l’entendre, que cette affaire, somme toute banale au milieu de ce monstrueux rôle, devait être jugée sur le plan pratique du droit et donc tout ce qui sera dit sera suivi et appuyé par des documents délivrés par des canaux officiels: jugements, arrêt, plaintes, délibérés, cassation, tous les ingrédients pour que justice soit rendue dans les règles de l’art.
A propos de la victime qui a estimé qu’elle n’a pas encore été régularisée totalement, Maître Benaki, avait rétorqué que la plainte déposée auprès du cabinet du juge d’instruction pour faux, usage de faux et escroquerie n’a jamais décollée: «Cette situation insupportable nous a poussés carrément à acheter ce chèque détenu par la victime», s’était exclamé l’avocat rouquin, alors que Maître Boulfrad acquiesçait de la tête.
Par contre, Maître Ouarti, le regard fixe, murmurait: «Jamais de la vie!»
La victime, pour sa part, ne voulait céder aucun pouce de terrain à son adversaire en mettant l’accent sur l’énorme préjudice qui l’a immobilisé dans ses actions commerciales elles mêmes paralysées par ce dossier et sa lenteur.
Les trois avocats du prévenu vont tenter de jouer aux trouble-fêtes; vainement Brahimi se signale par un regard éloquent.
Par ailleurs, Maître Benaki avait signalé que la fameuse plainte avait été déposée le «3 janvier 2005».
Ce n’est pas l’avis de Maître Ouarti qui jettera: «Le 10 janvier, pas le 3», ce qui laisse supposer que des documents officiels sont au niveau de la justice.
Enfin, toujours selon la victime, la plainte avait abouti au non-lieu en sa faveur et la chambre d’accusation a confirmé l’absence de vol de chèque émanant de la victime du jour.
Celui-ci a repris un attendu de l’arrêt de la chambre d’accusation du 13 février 2006, qui laisse entendre que la victime a voulu échapper au verdict de l’émission de chèque sans provision.
D’ailleurs, le 15 juin 2008, les parties en présence vont devoir appuyer tous ces dires par le brandissement de documents officiels, comme l’a promis Maître Ouarti à Brahimi, cette présidente qui n’a permis aucun écart ni dépassement, en avertissant que l’étude de ce dossier doit être couverte par la sérénité, l’objectivité et surtout dans un esprit de convivialité propre aux robes noires, toutes les robes noires.
Abdellatif TOUALBIA
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