Entre Guigue et Carter
Ecrit dans : Commentaire Indépendant
Aujourd’hui «le monde est témoin d’un crime terrible contre les droits de l’homme à Gaza, où un million et demi d’êtres humains sont emprisonnés et quasiment privés de tout accès au monde extérieur, que ce soit par mer, par air ou par terre. Une population entière est en train d’être brutalement punie».
Des paroles somme toute banales si elles sortaient de la bouche d’un commentateur de la chaîne El-Manar ou de celle d’un militant résiduel du FLN ancienne version. Sauf que le constat est dressé par un Occidental qui se trouve être l’un des hommes qui ont présidé aux destinées de la première puissance mondiale : les Etats-Unis d’Amérique.
Pas du même genre que Bush, le président qui soutenait stoïquement qu’Ariel Sharon était «un homme de paix et qu’Ehud Olmert est «un honnête homme». L’homme téméraire qui a osé parler de «crime terrible» à Gaza et se faisait insistant sur «les bombes et les missiles israéliens (qui) frappent régulièrement la zone enclavée, faisant de nombreuses victimes à la fois parmi les militants, les femmes et enfants innocents», c’est Jimmy Carter, celui-là même qui fut à l’origine de Camp David.
Et Jimmy Carter, dont le pays passe pour être enserré comme il se doit par le sionisme, a dit ce qu’aucun chef d’Etat arabe ne s’est risqué à dire. Un silence lamentable pour ne pas dire coupable face à des propos justes et humains. Des propos qui finissent par interpeller le monde, y compris nos silencieux, afin de contrer le fascisme d’Israël.
«C’est une chose pour d’autres dirigeants de s’en remettre aux Etats-Unis pour les négociations de paix cruciales, mais le monde ne doit pas rester les bras croisés pendant que des gens innocents sont traités avec cruauté», disait-il, considérant qu’«il est temps que des voix fortes en Europe, aux Etats-Unis, en Israël et ailleurs se fassent entendre et condamnent cette tragédie des droits de l’homme infligée au peuple palestinien».
Nos partis politiques et nos ONG répondront peut-être si jamais l’appel sera lancé un jour aux «voix faibles». En attendant, chez nous, on se montre plus soucieux de savoir s’il sera prévu ou non dans la prochaine Constitution un poste de vice-président et qui finalement des zaouïas ou des traditionnels comités remportera le marché tant convoité du soutien.
Jimmy Carter a la chance de ne pas être un sous- préfet exerçant en France sous l’autorité de Mme Alliot-Marie et de l’œil vigilant du protectorat. Chose que M. Bruno Guigue devrait méditer longuement, car un marchand de cacahuètes américain s’avère moins vulnérable qu’un cadre de l’administration française. Les Américains n’ont jamais débarqué quelqu’un juste parce qu’il a fait de la publicité à leurs snippers. Tarek Ayoub, l’ancien journaliste d’Al Jazeera vous le confirmera.
Mohamed Zaâf
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