Question de primauté
Ecrit dans : Le Point
Remaniement au sein du corps des walis, remaniement au sein du gouvernement, faudrait-il chaque fois en chercher les raisons, spéculer, relier tel évènement dans une wilaya à tel changement de wali, ou par rapport à un ministère, alors que l’ossature aussi bien du gouvernement que des walis en place ne change pas ?
C’est exactement le même cas lorsqu’il est procédé à des changements ou à des promotions au sein de l’armée. Maintenant, les changements dans l’armée sont devenus une pratique perçue comme normale. Pourquoi cela n’en serait-il pas de même lorsque les changements s’opèrent au niveau des collectivités locales ou du gouvernement ?
On a presque fini aujourd’hui de rechercher quelle institution aurait la primauté sur une autre.
On sait bien qu’il a été une constante depuis fort longtemps que d’affirmer la primauté de l’armée sur le politique. Depuis le multipartisme, le questionnement revenait avec insistance avant que l’armée n’ait réussi à se faire oublier pour devenir une institution pratiquement comme les autres.
On sait que l’ALN, dans la phase de transition vers l’ANP, a donné ses élites aux institutions civiles et que l’ANP a, pendant longtemps, fourni au pays le président de son propre choix, sans que cependant elle s’immisce dans le choix des hommes devant servir le pays à d’autres niveaux de la hiérarchie civile, sauf quelques cooptations et cela est inévitable et serait fait avec la conviction qu’il s’agit de compétences à ne pas gaspiller.
Aujourd’hui donc qu’il apparaît que l’on ne parle plus de l’armée ou presque plus, lorsqu’il est question d’identifier tous les acteurs influents dans le champ politique et dans les coulisses, l’autre question qui se pose est celle de savoir si le politique a la primauté sur l’administration.
Les évènements liés aux émeutes portent l’attention maintenant sur l’administration locale et beaucoup plus sur les walis que le ministère de l’Intérieur. Quand on parle des walis, la tendance générale est à la croyance que ceux-là relèvent du ministère de l’Intérieur et que celui-ci est leur tutelle unique. Et pourtant, cela n’est nullement le cas puisque les walis ont une vocation interministérielle.
De ce fait, ils représentent tous les ministères, le gouvernement et la présidence de la République. Aujourd’hui, quelle serait la place de l’administration par rapport au politique ou alors quelle place du politique par rapport à l’administration. Il était arrivé que fut créditée la thèse selon laquelle, à l’époque du parti unique, quand les officiers supérieurs étaient membres du FLN, comme l’étaient les cadres de la nation es fonction, la passerelle était construite entre l’armée et l’administration dans le sens où les deux corps n’étaient pas des politiques.
Au stade actuel des mutations du pays, de la politique, de l’économie, de la société, les regards, en attendant l’échéance du mandat du président, se fixent sur l’administration. D’ailleurs, quand les officiels parlent d’élargir le champ des attributions des élus locaux, ils reconnaissent bien que c’est l’administration qui doit voir ses pouvoirs se renforcer par le biais des walis.
C’est bien l’administration qui prépare la loi de finances et non le politique. C’est l’administration qui propose la révision ou l’élaboration de nouvelles lois et non le politique. Le politique apporterait quant à lui sa propre caution.
Bachir Benhassen
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