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07 mai 2008

“KEYNES, REVIENS ! ILS SONT DEVENUS FOUS !”

Ecrit dans : Décodages

L’économie mondiale serait secouée aujourd’hui par six crises qui risquent de se propager et de s’amplifier rapidement en soulignant cependant que les pays émergents semblent résister, pour l’instant, mieux que les autres.

Crise financière des pertes qui lui sont directement liées évaluées à 945 milliards de dollars par le FMI, les grandes banques subiraient de 440 à 510 milliards de dollars de perte, le reste tant réparti entre les compagnies d’assurances, les fonds de pension, les fonds d’investissement et les fonds souverains ; crise alimentaire marquée par un coût de l’alimentation qui a atteint une hausse de 40% sur un an ; crise pétrolière avec un baril proche des 120 dollars ; crise monétaire l’euro est à 160 dollars ; crise écologique avec une menace sur les écosystèmes, l’impact de l’activité économique sur le climat et les ressources naturelles étant aujourd’hui établi et reconnu ; crise économique où, comme le rappelle le quotidien Le Monde(mardi 29 avril 2008), «Le spectre de la récession hante les experts». Cette crise, qui a débuté à la mi-mai 2007 et qui s’est accélérée, durant ce premier semestre 2008, inquiète de plus en plus les analystes malgré les prévisions de croissance mondiale estimée à 3,5/4% par le FMI et l’OCDE, mais qui précisent tout de suite que les moteurs en sont la Chine et l’Inde.

Alors, nous disent les économistes, l’intensité de la secousse est forte même s’il faut rester prudent sur l’ampleur des dégâts. Il y a lieu cependant de souligner le caractère inédit de cette crise. L’économiste J. P. Betbeze (du Crédit lyonnais) écrit : «Nous avons affaire à un schéma inédit, à savoir la conjoncture de crises différenciées et interdépendantes.

Aux Etats-Unis, c’est la crise d’un pays surendetté, en Europe, c’est une crise d’une région dont les Etats membres n’ont toujours pas résolu leur gouvernance politique, les empêchant de mener une stratégie économique concertée, et dans les pays émergents nous assistons, ou nous allons assister, à une crise classique de surchauffe et de croissance»… A tout cela, il faut ajouter «une multitude d’acteurs dont les intérêts sont loin d’être convergents».

Assisterions-nous à un processus d’autodestruction du système capitaliste, ou pour le moins, à l’autodestruction de son fonctionnement ? Beaucoup d’économistes le pensent (cf. HautcÅ“ur, Patrick Artus, Dominique Plihou…). Alors un peu partout dans le monde, ce cri lancé par l’économiste Alain Boublil ancien conseiller de F. Mitterrand «Keynes reviens ! Ils sont devenus fous !», est à l’ordre du jour. Les Etats des pays occidentaux interviennent : en Grande-Bretagne c’est l’injection de quelque 60 millions de dollars pour oxygéner le système bancaire anglais.

La FED aux USA a, la première, lancé des opérations de sauvetage, ce qui fait dire à ce président de fonds d’investissement : «Lorsque le circuit financier se grippe, les administrations américaines troquent leur dogme libéral contre un interventionnisme pragmatique. Aux Etats-Unis et en Espagne, c’est l’adoption de plans de relance ; en France, c’est le retour au patriotisme économique avec présence solidaire de l’Etat avec les entreprises en difficulté.

Aux Etats-Unis, l’administration Bush a décidé, fin janvier 2008, un plan de relance d’un montant de 168 milliards de dollars. «Il s’agit de mesures définies par l’urgence» qui consistent en des incitations pour l’investissement en faveur des entreprises et des allégements d’impôts pour les ménages. En Espagne, le nouveau gouvernement a adopté le 18 avril un plan de relance de 18 milliards d’euros sur deux ans destiné à contrer la décélération que connaît l’économie, programme de grands travaux d’infrastructures et construction de 150 000 logements sociaux par an.

La crise alimentaire, pour sa part, a relancé le vieux débat entre les tenants du libreéchange et ceux du protectionnisime en matière agricole. D. Strauss Kahn, le directeur du FMI, et Ban-Ki-moon préconisent «de réduire les barrières douanières et les distorsions de concurrence et de favoriser le commerce agricole». D’autres avertissent au contraire : «Plus on libéralise et plus il y a de la spéculation, et donc plus il y a de la volatilité».

Le rapport sur le développement 2008 de la Banque mondiale est pour la première fois consacré entièrement à l’agriculture. Il faut subventionner et protéger l’agriculture des pays pauvres jusqu’à ce qu’elle atteigne un niveau de compétitivité suffisant. Des aides publiques déployées vers la petite irrigation, la lutte contre l’érosion, la formation des agriculteurs sont recommandées pour aider les agriculteurs des pays pauvres.

On peut donc voir combien la mondialisation libérale de l’économie, combien le capitalisme mondial sont de plus en plus secoués par des crises sérieuses. On peur noter que, malgré le retour de tendances inflationnistes (à surveiller de près), l’Etat n’hésite pas à «mettre la main à la poche», à intervenir directement pour sortir des entreprises et des banques de difficultés qui les mettent en péril. Pourquoi donc les pays du Nord interdisent-ils aux pays du Sud chaque fois qu’ils ont en l’occasion, des thérapies qu’ils se prescrivent à eux-mêmes.

L’intervention de l’Etat ne serait-elle permise qu’aux pays dominants qui se réclament pourtant du libéralisme ? Est-ce la revanche du keynesianisme après une hégémonie du monétarisme ? Assisterons-nous à une nouvelle démonstration de l’échec du consensus de Washington ? il faudra suivre tout cela attentivement.

Abdelmadjid Bouzidi


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