De la crédibilité de l’action politique
Ecrit dans : Le Point
L’habitude n’a jamais été prise de procéder à l’évaluation de la crédibilité de l’action politique à travers celle des partis politiques. Et ce, pour expliquer au moins en partie pourquoi est enregistrée actuellement une désaffection publique à l’égard des partis et pratiquement un refus à s’encarter. Pourquoi s’intéresser encore aux partis politiques et y a-t-il encore des raisons à militer au sein de leurs structures ?
Tel parti, quel qu’il soit, a tenu son congrès politique. Serait-ce encore un évènement qu’un parti tienne son congrès ? «Ça lui fait une belle jambe» au citoyen d’apprendre que tel parti a tenu son congrès. Qu’il s’agisse du dernier en date, le HMS, des précédents ou des futurs. Les partis ont perdu leur crédibilité et sont responsables de ce que l’action politique a perdu de sa crédibilité.
Quelle crédibilité quand les partis politiques sont invisibles pour la plupart d’entre eux quand les populations en ont besoin pour exprimer leurs doléances ou crier leur ras-le-bol.
C’est parce que les partis politiques ont appris à se mettre eux-mêms en hors jeu de tout mouvement social, que cela soit dans la médiation, l’apaisement des facteurs de tension ou même la récupération politique ou politicienne que les populations ont pris l’habitude ne plus compter sur eux. Peut-être que ceux qui sont dans l’opposition s’empresseront d’invoquer la fermeture des champs politique et médiatique (TV surtout) pour plaider non coupables de la dévalorisation de l’action politique et que ceux dont on dit qu’il sont au pouvoir ou « apparentés au pouvoir» invoqueront à leur tour leur absence d’autonomie de décision pour plaider eux également non coupables, il n’en demeurera pas moins que c’est la raison d’être d’un parti que d’être sur le terrain quelles qu’en soient les circonstances, et que ne pas y être enlève tout sens à son existence en tant que parti politique.
Dommage que n’existe pas un comité d’éthique qui rappelle à chaque parti qu’il s’est dévié de ses missions et qu’il revienne à elles sous peine d’être jeté en pâture au public. Chaque fois qu’un élu gestionnaire local est incriminé par la justice pour «indélicatesse» pour ne pas dire pour corruption ou détournement, le parti en question devrait être placé dans une situation où il aura à justifier les critères du choix de ses candidats.
On pourrait toujours commencer aujourd’hui par un classement en fonction du nombre d’élus poursuivis par la justice, et qui ont préféré dilapider la confiance placée en eux et leurs partis par les populations en dilapidant les deniers publics. Un classement également pour ceux qui occupent le terrain de la médiation ou celui de la récupération. Ainsi, il y aura un tableau de bord qui fournira toutes les données devant servir à apprécier la crédibilité de tout parti politique. On pourrait compléter ce tableau par une évaluation par des experts indépendants de la faisabilité et des implications de tout programme présenté par un parti politique.
Bachir Benhassen
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