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13 avril 2008

Mort d’une possibilité

Ecrit dans : Point Zéro

Séquence connue sur la terre de l’histoire linéaire à une inconnue : 11 jeunes deviennent harraga et se jettent à la mer. Ils meurent, noyés. Quand leurs corps sont retrouvés et rapatriés chez eux, les autres jeunes s’énervent et passent à l’émeute pour montrer qu’ils ne veulent pas mourir. Les émeutiers sont emprisonnés, un ministre passe faire quelques promesses au nom de son patron, fait entrevoir quelques chèques signés et tout rentre dans l’ordre.

C’est ce qui s’est passé à Tiaret la semaine dernière. Résultat de l’opération ramassage de coquillages : les émeutiers en prison ne pourront devenir des harraga qu’une fois libérés, c’est-à-dire dans longtemps, à l’image des récents émeutiers de Timimoun qui en ont pris pour longtemps après jugement. L’Algérie est bien faite puisqu’en prison à Tiaret, on n’apprend pas à nager. Pour les harraga morts, il n’y a plus rien à faire, ils sont morts et, de fait, sortent des statistiques du chômage pour entrer dans celles de l’espérance de vie, étant donné qu’un chômeur mort n’est plus un chômeur, mais un mort.

Bilan de la tripartite jeunes-justice-solidarité ou mer-terre-prison : l’Algérie a perdu 11 jeunes et en a mis plusieurs dizaines d’autres en prison. Qui a gagné quelque chose dans cette affaire qui ressemble à beaucoup d’autres affaires similaires ? Le ministre de l’Emploi, en éliminant quelques chômeurs ?

Celui de la Justice, en occupant quelques places de prison ? Celui de la Solidarité, en gagnant un voyage gratuit à Tiaret ? Celui du Transport, en maintenant les places d’avion trop chères pour traverser la Méditerranée ? On ne sait pas vraiment mais l’on sait au moins que ceux qui ont perdu quelque chose sont connus. Les mères et familles des victimes, mortes et vivantes. Et bien sûr, l’espoir. Même mort, un harrag est un délinquant. Même vivant, un jeune est un chiffre. Et une menace.

Chawki Amari


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