Poisons d’avril
Ecrit dans : Commentaire Indépendant
Le 1er avril dernier, une information publiée par un canard électronique sur Internet nous parlait d’un «important changement à la tête du commandement militaire de Tizi Ouzou». Ce changement, qui serait le deuxième en 6 mois, faisait suite au limogeage du «premier responsable du secteur opérationnel de la wilaya de Tizi Ouzou», nous précisait-on.
Cependant, comme aucun média n’a rapporté l’information ou quelque chose de semblable et que le 1er avril est plutôt connu comme étant la journée du fameux poisson qui autorise toutes sortes de blagues, l’information finit par être naturellement classée et versée dans la corbeille des traditionnelles plaisanteries. Mais, apparemment, le journal se piqua au jeu et y prit goût puisqu’une autre information plus cocasse était livrée aux internautes le jour d’après, c’est-à -dire le 2 avril.
Cette fois, on nous apprenait que «les gendarmes refusent de retourner en Kabylie» et que «pour le gouvernement, la situation constitue un véritable casse-tête». Les anciens gendarmes qui étaient en poste en Kabylie avant les événements de 2001 «refusent d’y retourner.
Ils ne comprennent pas pourquoi le gouvernement les a retirés de cette région puis leur demande d’y retourner». Qui parmi les Algériens avait conscience que notre pays était parvenu à un type de démocratie qui ferait mourir d’envie les sociétés les plus démocrates ?
Qui savait en Algérie que, contrairement à ce qui se passe ailleurs, chez nous, un militaire – et un gendarme est un militaire puisque, jusqu’à preuve du contraire, il émarge au MDN – n’obtempérait pas systématiquement aux ordres mais pouvait accepter, refuser ou, à la limite, négocier un ordre ?
L’information publiée au lendemain du 1er avril ne concerne pas une partie de ping-pong ou un concours de couscous, mais le redéploiement d’un de nos corps constitués dans l’une de nos régions. Une région qu’on met souvent dans la peau de la victime lorsqu’on la confine dans un rôle de laboratoire par les stratèges sataniques.
Des démons qui ont transformé cette Suisse algérienne en un invivable enfer. Pourquoi la Gendarmerie nationale pénaliserait-elle les populations kabyles en les laissant livrées à elles-mêmes à un moment où la région se fait, en plus de l’omniprésent terrorisme, submerger par la criminalité et autres maux sociaux ?
Pourquoi accepterait-on que la Kabylie devienne le refuge consacré des brigands ou serve de jardin d’essai aux apprentis sorciers ? Qui y trouve intérêt ? Ces derniers temps, contre sa volonté, la Kabylie fait parler d’elle, on y gesticule, on y dépoussière la plateforme d’El Kseur – celle-là même qui rompait avec les gendarmes – et on se donne rendez-vous pour débattre de… la révision de la Constitution et de la question du troisième mandat.
Donc, dans cette perspective, on se place ou, pour être plus juste, on tente de le faire. Et là , ça n’a rien à voir avec le poisson d’avril. Quant au «retour» de la gendarmerie, une source compétente indiquait hier au Jeune Indépendant qu’elle opérait «normalement» son redéploiement en Kabylie.
Mohamed Zaâf
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