Guerre ou pas guerre (2 et fin)
Ecrit dans : Bazooka
En cours d’application de leurs plans au Moyen-Orient, les Etats-Unis rencontreront des difficultés imprévues. Ils n’arrivent pas encore à diviser l’Irak en trois entités ethniques et confessionnelles. Malgré l’aide puissante d’Al-Qaïda (qui vient de leur donner les meilleures raisons du monde pour une présence au Sahel avec les otages autrichiens), ils n’arrivent pas à tuer le sentiment national irakien et surtout n’arrivent pas à pousser les chiites sur la voie des Kurdes, tellement impatients d’accéder aux pétrodollars qu’ils adopteront leur propre loi sur le pétrole.
Mais en gros, les forces politiques irakiennes nationalistes qui ont participé au processus politique vont gêner, voire bloquer les projets américains. A chaque fois, les Américains manquent de ressources politiques pour régler la question sans pouvoir mettre en œuvre par eux-mêmes une solution militaire. La solution politique, un moment envisagée, fut de refonder toute la région dans l’ordre d’un nouveau Moyen-Orient qui échoua lamentablement au cours de l’agression contre le Liban.
Les USA renoncèrent à la voie choisie pas au but. Il leur fallait détruire les forces politiques significatives qui s’opposaient à leur but et qui avaient les moyens militaires de leur résistance et trouvaient dans une alliance iranienne ressources et soutien. Pour beaucoup d’analystes arabes, la défaite d’Israël au Liban a mis hors course cet Etat dans l’équation militaire pour le prix qu’il aurait à payer. Même la Syrie, pourtant facile à prendre sur le papier parce que son armée est classique et ses centres vitaux de commandement ainsi que ses unités seraient une cible facile pour l’aviation israélienne, donne à réfléchir.
Les missiles du Hezbollah ont suffisamment prouvé que le prix à payer devenait rédhibitoire. Reste la seule issue aujourd’hui praticable : des guerres civiles qui chargeraient les alliés arabes «modérés» de liquider les ennemis arabes «extrémistes». Cette solution devient urgente car, entre-temps, la crise des subprimes, le renchérissement du pétrole, les risques de récession rendent urgents trois impératifs : premièrement, empêcher l’abandon (préconisé par l’Iran et le Venezuela) du dollar dans les ventes d’hydrocarbures. Cela ruinerait les mécanismes américains de financement de leur crise par les autres pays du monde.
Deuxièmement, faire baisser rapidement le prix du pétrole vers les 30 dollars le baril et donc obtenir une augmentation lourde de la production et exploser l’Opep. Troisièmement, s’assurer au plus vite le contrôle de la région et par conséquent éliminer les forces adverses : les régimes syrien, iranien, le Hezbollah, le bras armé du courant nationaliste du chiisme irakien, en créant le prétexte de l’affrontement et celui d’une aide étrangère massive qui leur donnerait la victoire. Il faudra bien donner une contrepartie à ces Arabes «modérés», toujours la même : la fausse promesse cynique d’une solution palestinienne constamment renvoyée à de vagues horizons et toujours démentie au moment de sa formulation.
MOHAMED BOUHAMIDI
Retourner à : Guerre ou pas guerre (2 et fin)
Social Web