Exercice périlleux
Ecrit dans : Le Point
Promouvoir les intérêts des travailleurs tout en ne mettant pas le « couteau sur la gorge » des pouvoirs publics, soit un exercice périlleux qui consiste à concilier ce qui ne l’est pas forcément est la difficile mission dévolue à l’organisation UGTA, dont on pourrait dire qu’il s’agit plutôt d’une organisation politico -syndicale. L’occasion du congrès de l’UGTA ne doit pas faire oublier son passé au sein de la lutte pour la libération du pays, pour la mobilisation des travailleurs au lendemain de l’indépendance sous l’autorité du FLN, sans occulter son rôle de puis les législatives avortées à la naissance du pluralisme politique et syndical consacrée par la constitution et dans le soutien à la lutte contre le terrorisme puis à la réconciliation nationale.
L’UGTA ne peut donc pas laisser indifférent. Pas seulement parce qu’elle est la partenaire sociale privilégiée des pouvoirs publics, mais en raison de son rôle dans la consolidation du système politique, dans son accompagnement des réformes économiques issues d’un contexte international qui a exigé des adaptations progressives et des ruptures adoucissantes.
Il ne faudrait point s’étonner que soit fait le choix pour la stabilité à la tête de l’organisation quand il est fait le choix de la stabilité à la tête des entreprises, et des institutions de façon à assurer la continuité de la mise en œuvre des réformes et des politiques décidées.
Ainsi, le processus de négociation largement entamé en vue de l’élaboration des statuts des corps de la Fonction publique sera mené à son terme et ce, dans l’esprit qui a présidé à sa décision.
Il en est de même pour les conventions de branche pour ce qui concerne le secteur économique public et privé car du fait que les pouvoirs publics ne reconnaissent que l’UGTA, cette organisation pour le moment et pour peut-être quelques années encore et plus continuera à être le seul représentant des travailleurs aux négociations et cela concerne autant le secteur public que le secteur privé.
Non pas que soit définitivement condamné le pluralisme syndical, mais il s’agit plutôt que d’une conjoncture peu durable, d’un contexte appelé à durer encore et qui dépendra des mutations sociales, économiques et bien sûr politiques, lesquelles, il faudrait le reconnaître, sont engagées dans le processus de leur avancée irréversible.
Les syndicats dits autonomes ne sont pas condamnés à disparaître comme il ne peut pas être soutenu qu’ils ne sont pas d’avenir. Tout est question de mutation et il est certain que celles-ci sont réelles.
L’organisation est capable de compromis. Compromis en son sein pour maintenir les équilibres et ne pas imploser. Capable de refléter ce compromis par la création de postes supplémentaires pour une plus large représentation, comme par exemple nommer une direction bicéphale qui représente l’arrimage au RND et au FLN. Capable également d’initiative mais qui n’aboutira pas, tel que proposée aux syndicats autonomes de la rejoindre en se fondant en son sein, ce qui fera d’elle une fédération de syndicats.
Bachir Benhassen
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