Flagrand délit de faiblesse
Ecrit dans : Commentaire Indépendant
A quelques jours à peine du Mawlid Ennabaoui, la direction générale de la Protection civile publiait un communiqué dans lequel elle dispensait ses bons conseils sur le bon usage des produits… pyrotechniques.
Comme tout le monde le sait, la direction de la Protection civile se trouve, à l’instar de la direction générale de la Sûreté nationale, sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Plutôt que d’exiger l’application des textes interdisant l’usage des pétards qui nous causent chaque année d’importants dégâts humains et matériels, la Protection civile préfère s’adresser aux citoyens, particulièrement les jeunes, pour les adjurer à plus de prudence. Plutôt que faire confisquer ces jeux exposés de façon provocatrice sur les étals de l’informel un peu partout dans les artères de la capitale, on conseille aux gens comment utiliser les produits prohibés. On n’a que des conseils pour limiter les dégâts, ce qui rend l’absence de l’Etat dans ce domaine plus spectaculaire.
Une absence aussi inexplicable que déplorable et qui aide à conclure à l’impuissance sélective de l’Etat. Car comment expliquer que l’Etat puisse, sans état d’âme, démolir des toits classés illégaux sur la tête de familles tout à fait algériennes et «tolérer» l’illégalité des informels. Dans la capitale, les petits «vendeurs à la sauvette» qui, par exemple, vous procurent à petits prix vos produits hygiéniques, ont plus d’embêtements que les «vendeurs sédentaires» derrière leurs monticules de pétards parfois érigés à coups de millions de dinars. Des produits qui sont interdits à l’importation mais qui reviennent chaque année envahir quand même le marché.
Les pétards connaissent des chances diverses, il y a la partie qui traverse les frontières et mystifie les douanes et il y a l’autre partie qui, selon les informations, se fait coincer généralement par la Gendarmerie nationale. Cette année on n’a pas dérogé à la règle puisque la gendarmerie a confisqué près de 3 millions de pétards de différents modèles à travers le territoire. Une source médiatique nationale indiquait, hier, que quelque soixante-dix containers bourrés de pétards étaient sous saisie au port d’Alger. Il est vrai que l’ambiance du Mawlid en Algérie n’existe nulle part ailleurs dans le monde musulman.
Il n’y a qu’ici, chez nous, où l’on s’amuse à coups d’explosions à se faire mutuellement peur à l’occasion d’une fête. Déranger son voisin et lui faire peur a-t-il quelque chose à voir avec l’islam, avec la naissance du Prophète (QSSSL) ? Actuellement, les inoffensives «louanates» n’ont plus droit au chapitre et nos gosses se transforment en chimistes pour vous fabriquer avec les moyens du bord des instruments dangereux à l’explosion et qui vous assourdissent. Un savoir-faire qui ne figure, pourtant, nulle part dans les programmes de Benbouzid. Ce qui laisse pronostiquer que, jeudi prochain, les nouveaux joujoux pyrotechniques feront qu’Alger surpassera Bagdad dans les déchaînements explosifs !
Mohamed Zaâf
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