LA DOUBLE FICTION ET LA RÉALITÉ
Ecrit dans : Bazooka
Mercredi passé, Condoleezza Rice a expliqué à M. Abbas ce qu’il doit définitivement comprendre : il n’a pas de conditions à poser pour aller poser avec Ehud Olmert dans de prétendues négociations. Et pour bien enfoncer le clou, elle lui a rappelé publiquement que Hamas est responsable des 120 morts en deux jours du bombardement de Gaza par l’armée israélienne. Il n’a pas à émettre l’opinion que les civils, les femmes et les enfants morts n’ont pas de lien avec les terroristes et il n’a surtout pas à douter que l’ampleur de la tuerie n’a rien à voir avec les pétards volants de Hamas dont le seul résultat reste psychologique.
Un blessé israélien est vraiment le fait du hasard. M. Abbas s’est exécuté et a accepté la reprise des négociations. Pour achever la démonstration, l’armée israélienne a tué un bébé de quelques jours, après tant d’autres, au moment où Rice faisait de la pédagogie politique avec lui. Le message est clair : il doit accréditer que les crimes israéliens ne sont qu’une réponse à Hamas, de la légitime défense et que les civils et les enfants morts le sont de leur fait, du fait qu’ils ont choisi Hamas pour les représenter. Dans cette théorie du «coupable est celui qui a commencé » M.Abbas a perdu toute autonomie de pensée.
Il ne peut même plus répondre que par cette théorie de l’origine de la faute, personne ne peut oublier qu’Israël a commencé par spolier les terres, terroriser des villages entiers, détruit des cultures et chassé un peuple de sa terre. Le pétard volant est une réponse à la première spoliation, à la première injustice coloniale, à la terreur permanente imposée à tout un peuple. Mais Abbas n’en est plus là . Il sait, et tout le monde sait, que Gaza prépare un nouveau Liban ; qu’il n’est que l’entraînement grandeur nature pour aller casser du Hezbollah dès que le sommet arabe aura par défaut ou par excès fait de la crise libanaise une question urgente à régler à chaud en éliminant, enfin, sa cause principale : le Hezbollah agissant en lieu et place de l’Iran et de la Syrie.
En attendant, M. Abbas doit entretenir la fiction d’une négociation de sa fiction d’Autorité avec la terrible réalité israélienne. Il n’est que la conséquence extrême du premier choix apparemment intelligent de s’en remettre aux Etats-Unis parce qu’ils sont les plus puissants. Il fallait comprendre aussi les plus cyniques. Mais c’est déjà une autre histoire.
MOHAMED BOUHAMIDI
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