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02 février 2008

DES MARCHANDS DE TAPIS AUX PERCHOIRS

Ecrit dans : Lettre de province

En matière d’allégeances, ils viennent d’ajouter une louche d’indécence à ce qui est par définition honteux. Soutenir ! Disent-ils…. Soutenir est certes une modalité opératoire dans la conquête du pouvoir, voire sa préservation, sauf qu’elle requiert un minimum de formalisme éthique sans lequel elle finit par s’apparenter à du proxénétisme politique.

Celui que le vulgaire jargon appelle les «souteneurs». Avec les Ziari et Bensalah, ces deux chefs d’orchestre du Parlement, nous sommes désormais dans une sorte d’amoralité tranquille. Celle qui s’affiche sans vergogne quand il faut faire preuve de retenue et de réserve, si nécessaires aux apparences. Si jusque-là l’on pouvait douter de la crédibilité de cette auguste institution, il était, par contre, de bon goût de rester à son écoute en lui épargnant les jugements péremptoires. Maintenant l’on sait qu’elle ne mérite pas ces égards. Car ces deux chambres, où l’on prétend légiférer «au nom du peuple», ne sont en vérité que des gynécées où se vautre la courtisanerie du régime. Dans ces hémicycles, transformés en sérail, l’on se gaussera certainement de ces qualificatifs excessifs sauf que la réalité est à la fois triste et peu gratifiante pour ceux qui les peuplent.

En effet, que reste-t-il des credo démocratiques quand le creuset des libertés publiques se transforme en chambres à «claques» ? Et surtout lorsque l’applaudimètre est actionné avant la prestation. Voler au secours d’une victoire annoncée par avance ne grandira pas dans leur propre estime ceux qui agissent de la sorte. Eux qui prétendent n’être comptables que devant les électeurs alors qu’ils demeurent suspendus aux appels de l’exécutif et de ses injonctions, commettent un outrage vis-à-vis de leurs mandants.

A leur sujet nous sommes presque tentés de parler des vassalisations périlleuses au moment où les enjeux sont graves et exigent d’autres postures intellectuelles que celles qui consistent à avaliser des mots d’ordre sur de simples présomptions. MM. Ziari et Bensalah avaient-ils le droit et le devoir d’adopter un texte virtuel ? Pire, chez qui sont-ils allés chercher ce quitus pour formuler officiellement un souhait qui, dans le meilleur des cas, n’émane que de leurs partis ?

A savoir le FLN et le RND. Quand bien même les courants dont ils sont issus sont majoritaires solidairement, en vertu de quelle prérogative étaient-ils en droit d’engager sans débat la responsabilité globale du pouvoir législatif ? Le MSP de Soltani a bien raison de mettre en doute cette démarche à l’envers consistant à entrer en campagne d’allégeance avant l’amendement de la loi. C’est ce que souligne le secrétaire général qui rappelle dans une récente interview (1) que «le troisième mandat est lié à l’article 174 du texte fondamental lequel stipule que le président a la prérogative de proposer la révision de la Constitution. L’article 177 stipule à son tour que les trois quarts du Parlement avec ses deux chambres sont nécessaires pour l’avaliser avant de la soumettre à référendum. Mais ce qu’on est en train de faire, c’est mettre la charrue avant les bœufs !»

De surcroît que dire des courants minoritaires représentés au Parlement (RCD et PT notamment) que l’on prive, par ce chantage honteux, d’un débat qui leur permet de se démarquer ? Malgré le vernis d’intellectuel rationnel M. Ziari ne vaut guère mieux que son prédécesseur, le folklorique Saïdani. De même que le Bensalah, président du Sénat fait pire que Bensalah qui était au perchoir de l’APN. Le premier en énonçant une énormité quant à un imaginaire diktat de l’étranger qui imposa en 1996 la clause limitative des mandats présidentiels. Le second en reniant ses propres convictions alors qu’il fut à l’époque le chantre de l’alternance codifiée. Piètre portrait de notre parlementarisme qui ne diffère guère des aréopages de chouyoukh orientaux.

Droits dans leurs babouches, ils gèrent leurs carrières personnelles sur les bonnes grâces des princes au lieu de les adosser à de solides convictions politiques. Que l’on soit du FLN ou du RND importe peu dès lors que ces chapelles ne sont, doctrinalement, que des coquilles vides. Et c’est, parce qu’elles résonnent comme des tambours, qu’elles servent de musique «patriotique» au pouvoir. C’est au nom d’un peuple absent que ces chefs d’orchestre battent la mesure avec pour paroles une indicible langue de bois dont ils ont été initiés auprès de leurs mentors.

Belkhadem et Ouyahia étant des pédagogues patentés en la matière, pourquoi donc s’étonner que de studieux élèves, récompensés par des perchoirs, sachent si bien jouer aux muezzins politiques ? Leurs appels à la prière de l’allégeance leur vaudront certainement quelques rentes viagères en politique mais en contrepartie, ils leur coûteront le jugement implacable de l’histoire. Dans 10 ans, les mémorialistes les désigneront comme de seconds couteaux qui auront contribué à ruiner les espérances de ce pays. Double peine qui les congédiera comme de vulgaires larrons.

Boubakeur Hamidechi

(1) Interview parue in Le Quotidien d’Orandu mercredi 30 janvier.


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