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13 décembre 2007

Victimes de seconde zone

Ecrit dans : Bazooka

Un nouveau malheur vient de frapper des dizaines de nouvelles familles algériennes. Dans ces moments de grande tristesse pour les parents des victimes et pour nous tous qui avons l’Algérie au cœur, l’Algérie pas le système, les communiqués des organisations satellites du pouvoir condamnent vite les deux attentats de mardi et appellent longuement au soutien du président et de sa politique de réconciliation nationale. Et la télévision répercute longuement ces communiqués.

Cette précipitation à défendre la politique du président, non seulement signale qu’ils ne sont pas très convaincus de sa justesse et de ses résultats, mais vise à étouffer dans l’œuf toute velléité de discussion et de débat sur ce que signifie pour notre société cette persistance du terrorisme et de ses capacités à frapper et à recruter de nouveaux candidats à la violence. Cette prise de position n’intervient pas dans le cadre d’un échange contradictoire de points de vue et d’analyses sur ce qui nous arrive, mais à chaud, au moment de la douleur et du deuil pour les familles concernées.

Comme si on leur disait : vos enfants ne sont pas la vraie cible de ces attentats mais la politique du président. Vous vous rendez compte ? Ces organisations satellites déclassent ces morts et ces victimes au rang de victimes collatérales, secondaires, presque insignifiantes au regard de l’importance et de la valeur de la vraie cible. Ces organisations ont perdu la décence et la compassion minimum d’attendre qu’on enterre les morts pour se remettre à la controverse politique ou à la polémique.

Elles n’attendent même plus que les mères épuisent une partie de leur chagrin avant de se remettre en campagne électorale. Ce n’est pas la première fois que le pouvoir montre sa fébrilité, voire sa peur, que les survivants parlent de leurs malheurs car, au bout de la parole, les hommes peuvent réfléchir et décrypter le sens de ce qui leur arrive et ne plus s’en tenir aux significations que le système leur emballe.

Souvenez- vous de Raïs, de Bentalha et des autres lieux de massacres ou de sinistres, le pouvoir a donné de l’argent en compensation des morts dans une sorte de marché tacite : prenez et taisez-vous ! C’est dans l’obstination à ne pas nous taire, à nous poser des questions, à chercher à comprendre loin des réponses toutes faites, même celles de nos amis politiques, que nous pouvons survivre en dépit de la double mort qu’on nous promet ou nous impose : la mort physique et sa siamoise, la mort symbolique.

MOHAMED BOUHAMIDI


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